Cependant, tout en gardant sa ligne de conduite, la société est peut-être en train d'opérer un vrai pas hors de ses bases. Ainsi le "Mobile Money Partnership Program" qu'elle vient d'annoncer et qui accueille déjà 3 partenaires technologiques (Comviva, Sybase 365 et Utiba), cible (modestement !) les 2,5 milliards d'individus, dans le monde entier, ayant un accès limité à des services financiers. A ceux-ci, elle veut offrir des services de base : paiement en ligne, règlement de factures, échanges d'argent entre personnes (P2P)... ainsi qu'une carte prépayée pour les achats en point de vente.
Le choix de s'appuyer sur des partenaires pour développer cette offre permet à MasterCard non seulement de s'affranchir de l'investissement dans un projet technologique qu'elle n'est peut-être pas en mesure d'assumer seule mais aussi de capitaliser sur le réseau de clients existants de ses partenaires (les 3 premiers ont ainsi 200 opérateurs de télécommunication et banques dans leurs portefeuilles, servant plus d'un milliard de consommateurs).
Ainsi, en complément des classiques retraits sur GAB et du rechargement en ligne ou en point de vente, l'association avec PayPal permettra de bénéficier d'un compte d'épargne, d'un programme de cash back, d'alertes en temps réel, d'outils de gestion de budget...
Avec ces exemples, il est clair que l'objectif de MasterCard est uniquement de développer la pénétration de ses moyens de paiement "traditionnels" (cartes et solution PayPass embarquée dans le mobile). Elle n'hésite pas à accompagner des acteurs proposant des solutions originales mais, visiblement, elle ne souhaite pas innover elle-même. A voir les difficultés de Visa à créer son porte-monnaie électronique, c'est peut-être la raison qui l'emporte, mais cette stratégie risque d'être dangereuse à long terme...
L'ambition de Serve est d'attirer des clients qui n'ont pas accès aux (relativement) prestigieuses cartes de crédit (le site précise immédiatement qu'aucune vérification de crédit n'est nécessaire pour s'inscrire). La convergence avec les cartes prépayées, dont la cible est la même, est donc naturelle. Elle permettra certainement de mutualiser une part des efforts (technologiques et marketing, en particulier) et de renforcer les synergies entre les solutions, qui ne rencontrent peut-être pas automatiquement le succès escompté à leur origine ?