LES FREAKS DE CHARLES EISENMANN
Si au cours de l'époque victorienne, il en est bien un qui a mis sur pellicule tout ce que comptait le monde comme bizarreries et autres raretés morphologiques, c'est bien ce cher Charles Eisenmann.
Installé à New-York à la fin des années 1800, Charles devait se lasser de prendre en photographie les personnes dites normales. Son oeuvre témoigne de l'engouement de son époque pour les "Circus" où les personnes atteintes de déformations physiques (voire malformations), au sens commun du bon bourgeois d'alors, gagnaient leurs vies en étant exhibées aux yeux ébahis d'une foule puritaine et dénuée de toute intelligence scientifique face à l'exubérance génétique de l'Homme.
Au 19e siècle, une déformation physique n'était pas tant un handicap du moment qu'il pouvait être colporté comme un talent. A contre courant de notre société moderne où nous nous efforçons de corriger toutes traces de déformations pour tendre vers un idéal de perfection physique à coup de toxine botulique ou de démembrement chirurgical. A la fin du 19ème siècle, si la situation le permettait, et qu'elle n'était pas mortelle, la déformation physique a été utilisée comme un atout. Ainsi bon nombre de ces artistes interprètes de monstruosité ont reçu de bons salaires pour leur attributs et bien souvent se sont mariés et ont mené une vie heureuse.
Vêtu d'uniformes et de robes à col montant de l'ère victorienne, chaque portrait est soigneusement réalisé pour améliorer les merveilles visuelles physiques de l'époque. Eisenmann a réalisé une oeuvre incroyablement technique et soigneusement mise en scène avec des toiles de fond équivoques, de nombreux accessoires, des costumes bien choisis, un éclairage savamment dosé et en trouvant les angles de prises de vues qui ajoutent à l'atmosphère dramatique.