SYNOPSIS
Dans ce roman de Philippe Sollers, la bonne compagnie artistique ne manque pas : il rend aux femmes un hommage appuyé en compagnie de Édouard Manet, Pablo Picasso, Casanova, Stendhal, Friedrich Nietzsche… et de quelques autres.
Cette Lucie que le narrateur rencontre lors de la vente d’un manuscrit exceptionnel (l’un de ses auteurs préférés) : « Histoire de ma vie de Casanova », représente la femme lumière, d’où vient son prénom Lucie, cette embellie, cette « éclaircie » pour tout dire. Cette éclaircie, c’est aussi pour lui, cette citation tirée de « Parménide » du philosophe Martin Heidegger : « Les dieux sont ceux qui regardent vers l’intérieur, dans l’éclaircie de ce qui vient en présence. » ou cette référence à son cher Casanova : « Suivre le dieu. Quel dieu ? L’intime, l’instant, l’éclaircie, la rencontre, le hasard… »
AVIS
Lucie et ses dérivés sont des prénoms assez spéciaux. Avouons que ces jeunes femmes sont souvent incroyablement incroyables. Toute cette idéologie de lumière, ça donne matière à des tonnes et des tonnes d’odes aux Lucie.
Alors lorsqu’on commence le nouveau roman de Phillipe Sollers, « L’éclaircie « , on a de quoi être enthousiaste. Quand on réalise que l’auteur va également parler de son amour pour la peinture, on jubile. On se dit qu’on tient là la perle des perles du roman d’amour hype. On applaudit le triple sens du titre : l’eclairie made in Lucie, la femme dont il tombe amoureux et qui illumine soudain sa vie alors que son prénom même renvoit à la lumière, mais également la technique de touche de lumière dans la peinture. Bref, on est comme un enfant obèse devant un Menu Maxi Best-Of gratuit.
Et puis très vite, on déchante. Sollers se lance tour à tour dans un inventaire de ses relations prestigieuses ou dans une rédaction de quelques souvenirs vaguement incestieux. On se désillusionne et on perd tout espoir d’aimer ce roman quand il se lance dans un déballage de préjugés tous plus bas les uns que les autres. La forme même du texte, coupé en petits paragraphes courts et sans liens renforce l’idée que P. Sollers ne liste que des idées reçues sans vraiment avoir d’avis.
Il est désolant d’entendre un écrivain tant crédité par la critique balancer au milieu d’une phrase que les jeunes d’aujourd’hui ne comprennent rien à l’art et ne pensent qu’à se droguer ou baiser. C’est indigne de la littérature française et peut être trop simpliste pour une discussion de comptoir. Passez l’énervement premier, on peut garder espoir d’apprendre des choses de cet écrivain qu’on peut considérer comme « connaisseur » en art. Seulement, c’était sans considérer le style hautain et bourgeois mis en place. Phillipe Sollers reussit l’exploit de nous écoeurer de Manet, maintenant associé à la masturbation intellectuelle de l’écrivain qui dure sur près de 200 pages.
Chez WTFRU, on trouve cela triste. Parce qu’après mûres réflexions, ce livre doit surement poser un problème aux jeunes générations se sentant coincées dans cet univers qui pue la naphtaline. Dans ces conditions, mon cher Phillipe Sollers, il risque d’être difficile pour vous de déchainer des foules ailleurs qu’en Chine.
Fanny