Dehors. Dans ma tête. Dans mon coeur.
Cette semaine, nous avons appris une très mauvaise nouvelle. Nous savions déjà que mon père était malade, mais suite à plusieurs semaines d'évaluations et d'examens, un nouveau diagnostic est tombé: sclérose latérale amyotrophique.
C'est une maladie mortelle tristement célèbre depuis la demande de suicide assisté (refusé) de Sue Rodriguez dans les années 90 pour mourir dans la dignité. Je me rappelle avoir suivi cette histoire... Sinon, pour certains, c'est sous le nom de Lou Gerhig que la mémoire leur revient.
Je passe de la tristesse à la colère. C'est difficile à comprendre, c'est difficile à expliquer et ce l'est tout autant à vivre. Comme il a aussi des atteintes aux niveaux frontales cela affecte son comportement, son jugement et son inhibition.
En gros, il n'est pas particulièrement agréable et hier, en voiture, pendant quelques minutes, j'envisageais d'appeler la police parce que je craignais pour notre sécurité. L'option taxi aussi m'est venue en tête. C'est difficile comme situation quand on sait en même temps qu'il ne lui reste pas beaucoup de temps...
Alors, voilà. Après un dernier texte joyeux, me voici à chercher mes mots. On dirait que je voudrais dire plein de choses à la fois, crier, pleurer, hurler, mais je suis juste bloquée. Une gêne nouvelle m'habite, j'essaye de réfléchir, de rester dans le moment présent, mais c'est difficile de ne pas s'emballer.
Le bateau coule. Je sais où sont les canots, où sont les vestes, mais il y a tellement d'inconnus, de probabilités variables que j'ai l'impression de me noyer avant même d'avoir touché l'eau. Pourtant, j'ai des mousses qui comptent sur moi, un marin pas encore prêt à partir pour son dernier voyage et tout un équipage qui m'entoure.
C'est le calme plat. Avant une plus grosse tempête encore. Et j'ai peur.