En ces périodes où le tetanos tétanise tant de décideurs trouvant prétexte d'élections à venir pour ne point chatouiller l'accélérateur mais rester fermement sur le frein, le monde du vin s'active de plus en plus autour de manifestations allant du Salon Vinisud (terminé) aux semaines "primeurs" bordelaises, sans oublier le futur Vinexpo à Hong-Kong et autres visites ± prestigieuses sur des marchés porteurs comme le Brésil, l'Inde, la Russie, l'Asie naturellement et, plus confidentiel, les pays nordiques.
A Bordeaux, on a l'impression, peut-être fausse, que les gens marchent sur des oeufs, essayant de trouver le bon chemin entre une interprétation mitigée du millésime 2011, un mea culpa discret sur les prix de folie de ces dernières années, et toujours des espérances sur de solides revenus permettant de changer la mercedes/bmw/aston tous les deux ans.
De retour d'Italie, et avant un long voyage en Californie pour y présenter le WWS 2012, ce qui frappe nos amis transalpins est le retard qu'ils ont pris sur le marché chinois. Ce sera incontestablement un des sujets majeurs du prochain Vinitaly où je devrai plancher là aussi devant l'Association "Grandi Cru d'Italia" le 27 mars.
Gianfranco Soldera, le très dynamique propriétaire de Case Basse, une propriété mythique en Brunello di Montalcino, a écrit une lettre ouverte où il s'inquiète de ce phénomène. je cite :
"It is utterly inconceivable that in China, France covers 67% of nono-Chinese wines and Italy only 8%. We are clearly doing something wrong; we must all quickly understand the reason for such deficiencies and how to remedy them just as quickly".
On peut lancer une première piste d'explications : en Chine, grosso modo, tout ce qui vient de France est lié à la notion de "marque" et de "luxe". Ce qui n'est pas - encore - le cas pour les grands vins italiens, alors même que la péninsule produit suffisamment de crus en excellents termes RQP et des noms majeurs entrant parfaitement dans cette notion de "marque de luxe" : Ornellaia/Massetto; Gaja; Solaïa, Poggio di Sotto, Dal Forno, Voerzio, Sandrone, Castello di Ama, et tant d'autres !
On va suivre de près les initiatives italiennes pour rattraper ce retard qui, effectivement, n'est guère acceptable pour eux.
POLITIQUE
Mon pote Nicolas de Rouyn m'urge instamment de ne point aborder cette question ici. J'obéis… bien que j'aurai pas mal de choses à dire :-)
On redira simplement que le vin arrive en seconde position en chiffre d'affaires à l'exportation. Cela n'oblige pas les buveurs d'eau ou de sucrosités redoutables de passer au nectar vinifera, mais cela devrait inciter nos politicards à un peu plus de respect pour tous ces vignerons qui sont, à leur niveau, d'excellentes PME participant si positivement à une moindre dégradation de notre balance commerciale. Merci Messieurs !
CINEMA
Là, c'est plus cool. La France est contente, Dujardin est heureux, les producteurs itou et donc un beau secteur où il n'y a pas un paquet de lobbyistes financés par l'Etat qui attaquent bêtement et sauvagement comme le monde du vin l'est, alors que c'est un bien essentiel à notre bonne humeur, notre empathie, notre culture et notre histoire. Ils ont de la chance, eux !
LIVRE
Pour une introduction que je dois faire dans un livre à paraître sur la question des alliances "mets & vins", j'ai relu "l'Accord Parfait" de Philippe Bourguignon où j'ai noté ces très sages paroles :
"On n'est pas riche de sa cave, mais des bouteilles qu'on a bues".
François Audouze va applaudir de ses deux mains.
Et pour une fois, je peux dire que je suis "riche" :-)
et
"Le meilleur accord sera toujours un accord d'ambiance, de personnes, d'humeur, de lieu. Mieux vaut un mauvais accord discuté et partagé, qu'un bon mariage non ressenti et non apprécié. Le vin, c'est d'abord le partage et la communion, avec toute la force symbolique que cela évoque dans nos civilisations".
Quelqu’un a lu le livre du canadien François Chartier : “Papilles et Molécules” ? Parker en a fait un article dithyrambique sur son site. Commandé sur Amazon.
NEWS
Il semble qu'un accord ait été trouvé pour la mise en valeur de la cave inouïe de Monsieur Chasseuil. Une banque de la place va l'assister pour offrir à cette cave un écrin à son niveau et surtout - ce qu'on réclamait ici avec insistance - organiser des événements réguliers où ces crus mythiques seraient mis à l'honneur, en gardant précieusement les commentaires de dégustation, pour les générations futures, tels qu'ils seraient rédigés par les heureux participants à ces événements. Ne jamais oublier qu'un vin, quelqu'il soit, est fait pour être bu, tant il est vrai qu'il a une jeunesse, une fougueuse adolescence, une belle maturité et - aussi - une vieillesse parfois très longue, mais évoluant vers la sonate plutôt que vers la symphonie.
MUSIQUE
Un DVD sur Celibidache vient de sortir. On est prié instamment de le commander. La 9ème de Dvorak et la 1ère de Prokofiev. Article à lire dans le dernier Diapason (mars) page 112.
Les amateurs de Bruckner - dont je suis - ne peuvent être que fan de Günther Wand, un de ses plus grands interprètes, fouilleront leur porte monnaie de réserve pour la 5ème là encore en DVD.
Il m'a fallu une bonne semaine pour graver sur un DD externe de 1,5 T la quasi totalité de ma collection de CD, en format "Apple" AIFF, le top du top, sans aucune compression, et cela peut alors alimenter, via iTunes n'importe quelle chaîne de qualité, sans fil, en ajoutant simplement un module airplay Apple ou autre comme Micromega. Qualité totale. Impressionnant. Espérons que cela viendra vite pour les films DVD.
Grosse tentation pour les 16/17/18 mars où l'amateur pourra voir EINSTEIN ON THE BEACH de Philipp Glass à l'opéra de Montpellier. Ce n'est pas la porte à côté, mais c'est tellement rare comme opéra représenté ! Et d'abord, trouver des billets :-(
DEGUSTATIONS GJE
Outre la prochaine session du GJE pour le CRD (cercle Rive Droite) à La Dauphine, fin mars (un grand merci à Guillaume Halley qui nous reçoit si généreusement avec le CRD d'Alain Raynaud), deux autres sessions se profilent avant fin juin : une belle verticale de 24 millésimes d'un cru classé 1855 et une identification de "pinots noirs" par mes sagaces dégustateurs, en provenance du monde entier.
Aucun rapport, mais quelle vie ce cep de Marionnet pourrait nous conter !
Juste pour re-émotionner le Grand Jacques (lors de notre voyage au Japon)
Le GJE du temps des grandes heures : au Portugal. Quelques beaux poids lourds, sens 1 et 2 :-)
J'assume à 200 % ! En sus, c'est en Beaujolais : on me dit chez qui ? Quizz du jour…