Trop beau pour être vrai ? Alors que l’astrophysique pourraitbien, d’ici peu, nous donner des nouvelles de l’au-delà, d’autres estiment probableune ultime et terrifiante hypothèse. Tobias Hürter et Max Rauner, dans« Les Univers parallèles »(CNRS Editions) rapportent ceci :
Les mathématiques constituent un cadre digne pour vision du mondeUniverselle. Leurs vérités sont éternelles. Elles sont valables de manièrecertaine jusque dans les coins les plus reculés du multivers. Si nous prenonsun jour contact avec des formes de vie extraterrestres, il nous faudra comptersur toutes les difficultés de communication possibles : les autres pourraientêtre beaucoup plus intelligents que nous, ou beaucoup plus bêtes, avoir desmanières tout à fait différentes des nôtres et personne ne peut prévoir s'ilsétudient la nature comme nous. Mais nous aurons un sujet de discussion : « Notrepoint commun culturel le plus sûr serait les mathématiques », affirmel'astronome sir Martin Rees. Autre chose prédestine les mathématiques au statutde langue Universelle : leur « efficacité inexplicable » dans la description dela nature, comme le formula le prix Nobel de physique américain Eugene Wigner.Bien que les mathématiques soient une entreprise plutôt coupée des réalités,les constructions de pensée que les mathématiciens inventent dans leurs petitessalles d'étude semblent avoir été faites pour ordonner le désordre du monde.Les mathématiques sont tellement utiles à la physique que Wigner trouve celasuspect. « Un miracle », s'étonne-t-il. Si Max Tegmark a raison, alors ce n'estpas un miracle, alors la nature est mathématique. Tegmark n'est pas le premierà y penser. Tout est nombre, pensaient les Pythagoriciens. On ne sait pas exactementce qu'ils entendaient par là. Ce qui est sûr, c'est qu'ils considéraient lesnombres comme le fondement du monde matériel, peut-être comme des élémentsconstitutifs, peut-être comme un principe d'ordre. Parmi les scientifiquesactuels, certains considèrent le cours du monde comme un processusmathématique. Le philosophe Nick Bostrom en fait partie. Il pense que notremonde est peut-être en réalité une simulation informatique exécutée surl'ordinateur d'une civilisation extrêmement développée. Bostrom a plusieurspoints communs avec Tegmark. Lui aussi est d'origine suédoise, lui aussi étaitun excellent élève, mais tout sauf un bûcheur. Il s'essaya à la peinture, à lapoésie et à la comédie à Londres, étudia en plus de la philosophie un peu dephysique, de logique, de neurologie et s'intéressa à l’intelligenceartificielle. Il a maintenant une chaire à l'Université d'Oxford et laisses'épanouir pleinement le Mr Hyde en lui. Il est l'un des pionniers dutranshumanisme et il œuvre pour surmonter les limites naturelles de l'espècehumaine par la technique. Il veut équiper nos corps de prothèses robotiques,les plonger en hypothermie jusqu'à ce qu'arrive l'Âge d'or et sauvegarder nosâmes sur ordinateur. Bostrom pense qu'il est probable que nous vivions tousdans une immense simulation informatique. Si c'est vrai, alors tout ce qui nousentoure serait constitué de bits et d'octets. Ce livre. Le Soleil, la Lune etles étoiles. Les êtres que nous aimons et nous-mêmes. Comment pourrions-nous leremarquer ? Distinguerions-nous en y regardant de plus près une danse de zéroset de uns ? Sûrement pas, car nous ne voyons pas les logiciels, mais ce qu'ilssimulent. Le film hollywoodien Matrix montrait en 1999 comment un programmeinformatique pouvait nous donner l'illusion d'une fausse réalité. Il a esquisséle scénario catastrophe d'une humanité retenue prisonnière par ses proprescréatures-machines dans un monde irréel. Si la simulation est bien programmée,il n'y a aucune échappatoire.