Le traumatisme de la corbeille à linge.

Samedi matin, je suis bien. J’apprecie une matinée comme je les aime, une de celles où je sais que je ne vais rien faire d’autre que glander et rêvasser … à peine bousculé dans ma torpeur oisive par les remarques ménagères de ma gonzesse, qui se plaindra de mon incapacité chronique à ne pas mettre les chaussettes dans le panier à linge. Tout est beau, profitons de ce moment de grâce avant d’être déçu par une gauche revenue aux affaires. Le soleil pointe le bout de ses rayons, mon corps semble à peine me reprocher mes excès de la veille, alors pourquoi perdrais-je mon précieux temps à justifier une ancienne phobie qui m’empèche d’approcher tout ce qui ressemble à un panier de linge sale. Pourtant, si elle savait la raison profonde, le terrible traumatisme qui, depuis plus de vingt ans, me pousse à laisser trainer ici et là mes affaires … elle changerait de ton. Bref, elle la ramenerait moins, cette connasse !

Faut il vraiment que je perde dix minutes à le lui expliquer ? Utilisant des mots simples pour qu’elle comprenne…pff, j’ai d’autres choses beaucoup plus intéressantes à faire et surtout, je ne voudrais  pas la retarder dans son numéro de fée du logis, d’autant plus que je compte, sitôt le ménage fait, la remplacer par une jeune étudiante suédoise en recherche d’appartement. En attendant, je respecte son travail, je suis … comment dire ?  un homme moderne … pour le partage des tâches: je salis, elle nettoie.

Bref, c’est pas le moment de venir me chier dans les santiags avec ce foutu panier de mes deux.

C’est vrai quoi, est ce que j’y peux quelque chose moi, si la simple vue du couvercle bleu plastique me file une trouille, bleue elle aussi ? Est ce ma faute si à cause de ce jour où du haut de mes six ans et voulant faire une surprise je me suis caché dans le panier à linge sale, celui qui tronait à coté de la machine à laver, dans la salle de bains. Il devait être plus profond que je ne me l’imaginais où étais-je plus petit que je voulais bien le croire, car je me suis ramassé la gueule au fond, au milieu des vetements sales. J’y bien resté une heure, pleurant, appelant à l’aide … mais n’osant pas ouvir la bouche trop grande; la proximité immédiate des dessous austères de papy me filaient clairement la gerbe. Ben oui, à 88 ans, l’aïeul avait gagné en sagesse ce qu’il avait perdu en étanchetié !

Voilà, depuis je fuis les vieux et les paniers de linge …

Mais bon cela ne va pas me détourner de mon propos et m’empecher de parler de Madonna, par exemple: la Lady Gaga des 80′, que pas loin d’un milliard de téléspectateurs a pu voir à la mi-temps du Superbowl, faire son playback sur un char, entourée d’une troupe de danseurs à faire baver Kamel Ouali. La star du Top 50 va certainement vendre des millions d’exemplaires  de son prochain album. La promo s’annonce d’ailleurs terrible, le plan média est rodé et testé comme le sont les produits de Coca, Mc Do et cie et le tout n’apportera bien entendu rien à la chanson…Il est donc inutile que je gaspille ici mon encre à parler marketing et publicité. Revenons plutôt à la musique, aux musiciens, à l’art, au lard nom d’une fellation (c’est moins vulgaire que ‘nom d’une pipe’, non ?)

Tiens, parlons de Beth Hart, au hasard. Une magnifique chanteuse, avec une voix chaude et suave, capable à elle seule à faire fondre la calotte glaciaire et faire vaciller celle de Benoit XVI. Ecoute le dernier album de la belle, où elle a eu l’extrême bon goût de se faire épauler par Joe Bonamassa, c’est à dire ce que se fait de mieux actuellement dans le monde de la guitare blues/rock. Ensemble, ils ont pondu un album d’une justesse et d’une beauté telle que tu te reprends à croire en Dieu.

Tente l’expérience, fais moi confiance. Je te parie ma chemise, mon caleçon, mon prepuce – c’est dire comme je suis confiant – qu’après l’écoute de cette galette où le blues coule tranquillement des doigts de Joe et où la voix de Beth te transporte dans des sphères nirvanesque, tu vas avoir envie de te frotter sur tout ce qui ressemble de près où de loin à une femme ou un homme, selon tes goûts … où un chien si vraiment t’es seul ! Mais attention, pas le mien, non, mon fidèle canidé, à l’instar de son jumeau, le Salami de San Antonio, préfère la compagnie des femmes à celle de ses congénères canines.

Alors …!? Remis de tes emotions ? Va changer ton caleçon et reviens vite, on va faire un petit retour en arrière, s’envoyer dans les portugaises du bon rock ‘n roll bien saignant. Le live ERA ’87-’93 des Guns n’Roses. Un temoignage percutant de la tournée « Use your Illusion Tour » du début de années 90. De quoi se replonger dans un temps déjà révolu, celui d’un groupe puissant, enervé, dangereux, toxique et d’une sensibilité exacerbée. Axl chante avec cette voix de chat qu’on étripe, de chat éraillé plutôt. Jamais égalé, preuve qu’il est bel un bien un immense chanteur. Le tout magnifié par la guitare magique de Slash, peut être le dernier guitar hero, héritier direct de Jimmy Page.

Bref, après l’écoute de l’album de Beth Hart et Joe Bonamassa et le live des Gun’s, le défilé egypto-techno-carnavalesque de la Madonne paraît bien fade, superficiel et sans interêt.

Voilà pis c’est tout.