Quant à la participation de Shell au redémarrage du site, c’est bien le moins : en 2008, c’est Shell qui s’était désengagé de son site historique en Seine-Maritime pour le vendre à Pétroplus, sans garantie durable de maintien de l’activité.Au-delà de cette option temporaire, l’avenir du site passe par un repreneur crédible qui porte un projet industriel pérenne et qui investisse pour le rendre possible. Hélas, aucune avancée concrète n’a été faite à ce stade par le président sortant et son gouvernement.
Faute de politique industrielle depuis dix ans, les filières industrielles essentielles à notre économie et à l’emploi sont peu à peu abandonnées. Comme les autres secteurs stratégiques en France, le raffinage souffre de l’absence totale de vision prospective de la part de l’Etat : des états généraux, organisés par le gouvernement au lendemain de la fermeture de la raffinerie des Flandres, avaient formulé plusieurs engagements dont aucun n’a été concrétisé à ce jour.
L’avenir du raffinage en France, de ses entreprises et de ses emplois, passe aussi par une Europe qui se protège dans la mondialisation. La réciprocité commerciale doit prévaloir à ses frontières afin que nos usines et nos savoir-faire ne soient pas concurrencés par les produits importés venus de pays ou de multinationales qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales en vigueur dans l’Union. C’est ce que propose François Hollande, qui a fait de la réindustrialisation de notre pays le socle de son projet présidentiel.
De même, il est inacceptable que des unités industrielles performantes voient leur survie menacée par la politique de groupes internationaux qui préfèrent fermer un site industriel viable plutôt que de le céder à un repreneur. Parce que ces sites et leurs productions sont d’intérêt général, l’Etat doit agir.
C’est la volonté martelée par François Hollande aujourd’hui même à Florange, site emblématique des promesses non tenues du quinquennat finissant. S’il est élu président de la République, il proposera à la nouvelle majorité au Parlement des mesures législatives qui obligeront un groupe envisageant la fermeture d’un site industriel à examiner les offres de reprise en présence et à le céder au repreneur dont le projet aura été validé par le tribunal de commerce et approuvé par un avis positif des instances représentatives du personnel.
De même, si la restructuration s’impose, les obligations et donc les charges de reconversion doivent être renforcées pour les grands groupes. Ainsi, une négociation sera exigée sur les alternatives industrielles, le reclassement des salariés, la revitalisation des territoires, avec, en cas d’absence d’accord valable (majoritaire), une sanction économique qui pourrait prendre la forme d’une suppression de niche fiscale, l’exonération des cotisations patronales sur les indemnités de licenciement (soit un renchérissement de 45% des licenciements économiques).
Guillaume Bachelay,
Secrétaire national à l’industrie,
Vice-président de la Région Haute-Normandie