Clown triste

Publié le 24 février 2012 par Ladytelephagy

Alors que le mois de janvier était placé sous le signe de la mid-season canadienne, forte en nouveautés, février aura été un mois dédié à l'Australie qui, à l'issue de ses vacances estivales (alors, jaloux ?) faisait sa rentrée, les mesures d'audience reprenant à ce moment-là.
Certes, The Straits n'est pas forcément du genre à déclencher des émeutes parmi les téléphages exigeants, Outland ne plaira pas à tout le monde même s'il y a un net mieux à mesure que la série progresse, et on va reparler dans un post très prochain du très attendu Miss Fisher’s Murder Mysteries qui a débuté ce soir, sans compter que l'atypique Danger 5 débarque bientôt, mais en attendant, souffrez que je vous parle d'une série qui a démarré mercredi soir et qui compte déjà parmi les perles de 2012.
Je vous le dis, en ce début d'année, mon petit coeur ne survivra pas à toutes ces merveilles téléphagiques, on est gâtés pourris.
Si vous êtes un peu comme moi, vous avez développé une certaine méfiance vis-à-vis des comédies australiennes : l'humour de Bogan Pride, Housos et autres Angry Boys a en effet de quoi laisser, au mieux, circonspect, quand ce n'est pas l'étrange Wilfred ou Lowdown qui conduisent à s'interroger sur ce que "comédie" signifie aux antipodes (est-ce que par hasard ce serait un synonyme de "fumette" ?). Il y a du bon, c'est certain, mais il y a aussi quand même pas mal de choses qui rappellent qu'il y a un petit décalage horaire. Et encore, j'ose même pas tenter Swift and Shift Couriers, sans quoi je ne croirais plus en rien.


Mais c'est sans a priori que je me suis lancée dans Woodley et j'en suis fort aise. C'est une véritable friandise, inspirée par les vieux films muets (et un peu Mr. Bean, si, la référence est obligée). Woodley n'est pas une série d'humour muet. Mais ça se joue à peu de choses. Ses personnages parlent peu, surtout le rôle-titre, mais ils parlent tous quand même. C'est sans doute ce qui lui permet à la fois de se parer d'un charme délicieusement désuet, et de ne pas paraître ridicule et datée.
Ce premier épisode, qui joue timidement son rôle introductif afin de ne pas nous laisser penser qu'on a affaire à une simple série à sketches, nous présente donc le personnage de Woodley, un petit bonhomme qui a la trentaine, mais qui a gardé sa maladresse et son innocence d'enfant. Le problème c'est que Woodley a une petite fille, Ollie, dont il est supposé être responsable... du moins, quand il en a la garde, puisque sa femme a fini par ne plus supporter d'être la seule adulte à la maison, et l'a quitté.
Woodley est regardable par toute la famille, à condition que grands comme petits soient avertis qu'il n'y sera pas question que de plaisanteries. Par moments, Woodley est profondément triste, et son personnage ne s'en cache pas, ou presque : seulement en secouant le lait (regardez, vous comprendrez) ; on le verra même prêt à se jeter du haut d'un pont dans une scène à la fois jolie et mélancolique, mais à vrai dire, beaucoup de choses dans Woodley sont jolies et mélancoliques à la fois.
Reposant essentiellement sur Frank Woodley, son acteur principal, son créateur, son scénariste et son producteur, la série s'appuie aussi sur un sens de la mise en scène évoquant avec plus ou moins d'insistance le début du XXe siècle : musique à l'accordéon et à l'orgue de barbarie, looks rétros, couleurs à la fois vieillottes et pétillantes, plaisir des décors et des détails fleurant bon une certaine nostalgie.
Si Woodley était une série française, on se plaindrait d'améliepoulinisme stéréotypé, mais comme Woodley est une série australienne, on ne moufte pas et on se régale, c'est injuste mais c'est comme ça.

Petit bijou plein de rire et de larmes, d'une tendresse à toute épreuve y compris dans ses moments les plus douloureux, parfaitement délicieux même quand certaines blagues se voient un peu venir, parce que le personnage est adorable et attachant au possible, Woodley est une curiosité pleine de charme.
Le genre de série qu'on aurait un peu envie de regarder tous les soirs, plutôt qu'une fois par semaine, à vrai dire.