La fronde des mamans

Publié le 24 février 2012 par Bordeaux7

«Nous ne voulons pas nous inscrire dans le cadre d’une négociation commerciale, ça n’est pas de cela qu’il s’agit.» Véronique Gérat Muller, comme plusieurs autres mamans d’enfants hospitalisés au CHU de Bordeaux, est mobilisée depuis une quinzaine de jours contre la mise en place du stationnement payant sur le parking de l’hôpital Pellegrin.

«On nous renvoie vers un interlocuteur de Vinci Park (société qui gère le parking, ndlr) qui nous propose une carte à 80€ par mois. Mais nous nous positionnons sur le terrain éthique et non commercial, c’est avec la direction de l’hôpital que nous voulons parler». Celle-ci a confié à l’entreprise, dans le cadre d’un partenariat public privé, le réaménagement et la gestion du parking. L’investissement représenterait 4 millions d’euros pour Vinci Park, qui gère déjà plusieurs parkings en centre-ville et celui de l’aéroport.
Voitures ventouses
N’importe qui a déjà dû rendre visite à un patient un jour sait que ce grand parking était un lieu de stationnement anarchique où trouver une place était devenu un véritable casse tête. Il avait aussi une fâcheuse tendance à faire office de parc relais pour des usagers du tram voisin, ou de parking de secours pour des habitants du quartier, affirme la direction, qui évoque aussi des problèmes de sécurité liés à l’inaccessibilité de certains bâtiments aux véhicules de secours. D’où la volonté d’en limiter l’accès et de le rendre payant. Et effectivement, force est de constater qu’une fois la barrière passée, les places libres sont légion. Seulement voila, pour ces mamans d’enfants gravement malades, la mesure est vécue comme un coup dur supplémentaire. «Pour un enfant atteint de leucémie, le protocole prévoir 16 semaines d’hospitalisation non stop, puis des hospitalisations fréquentes pendant dix mois, plus des hospitalisations non prévues, explique Véronique, qui vient voir tout les jours sont petit garçon malade. Au delà du soutien moral, nous sommes de vrais relais dans les soins. On ne peut pas monnayer la présence des parents, c’est inadmissible». «Nous subissons déjà des choses difficiles, nous devons gérer l’éclatement de la famille, la perte de salaire car l’un des parents s’arrête de travailler, raconte Cécile. Nous trouvons injuste qu’on nous fasse payer pour toutes ces voitures ventouse qui engorgent le parking.»

Traitement au cas par cas

Pour le parking du CHU, dont l’accès est gratuit la première demi-heure puis coûte 1,50€ par heure  (10€ /j au delà de 8h de stationnement) Vinci Park ne propose pas d’abonnement car «on ne s’abonne pas à la maladie», explique son responsable Jean-Christophe Duchange. Il existe des cartes à décompte qui donnent accès à des tarifs réduits et l’entreprise souligne que les proches des malades sont désormais assurés de trouver une place pour se garer lors de leurs visites. Face à la mobilisation, l’entreprise propose une carte mensuelle à 80€, strictement réservée aux parents ou aux proches de personnes hospitalisées pour des pathologies lourdes. «Il faudra traiter au cas pas cas, en lien avec l’institution hospitalière», explique Jean-Christophe Duchange. Les mamans mobilisées ne s’en satisfont pas, citent l’exemple de l’hôpital de Lille qui délivre un pass à 1€ par jour. De part et d’autre, on attend maintenant que la direction du CHU de Bordeaux, qui renvoie jusqu’à présent les demandes vers Vinci, prenne part à la discussion.• Sophie Lemaire