2012, année électorale française, fin du monde potentielle et Vendredi du vin pinardentiel. N'y voir aucun lien de cause à effet. Quoique... Ce satané Vindicateur a de la suite dans les idées. Pour lui, le vin est politique. Du producteur au consommateur. Dis-moi ce que tu bois, je te dirai pour qui tu votes. Blanc, sans pour autant t'abstenir, rouge, sans pour autant demander à Liliane de faire les valises. Et si tu ne bois pas, c'est encore pire. Et toi, ami vigneron, dis-moi comment tu vinifies, je connaitrai ton parti. Même si c'est simplement celui d'en boire.
Vendredi du vin politique, donc, et il faut bien reconnaitre qu'il n'a pas entièrement tort, le Vindicateur. Il devrait récolter ses 500 signatures sans aucune difficulté. Il n'a pas entièrement tort, certes, mais a-t-il pour autant raison?
Une France paysanne et viticole, très terrienne et volontiers ancrée à droite, voit ainsi ses rangs grossir d'une nouvelle génération de vignerons, citadins désireux d'un retour à la terre, plutôt tendance gaucho-écolo-baba-cool, quand ce ne sont pas des "biknites" complètement anar. Un monde du vin électoralement protéiforme, comme la France toute entière finalement.
Une campagne électorale étant faite de promesses, le vin idéal de ces VDV était déjà tout trouvé: Le vin des promesses. Demain, j'arrête d'en boire. Facile! Malheureusement, il était déjà tout bu depuis longtemps, ce claret de François des Ligneris. Autre promesse électorale, alors.
Et si on votait pour le vin, le plus simplement? Une belle promessee! Mais ne serait-il pas pourtant un brin schizophrène, ce vin-là, politiquement parlant? Et pas si simple que ça, en fait. Appellation feu Bourgogne Grand Ordinaire*, un vrai roturier provenant, en principe, de terroirs de seconde zone. Mais bouteille lourde, très lourde, un emballage digne d'un aristocrate. Prix lourd également, plutôt destiné aux classes supérieures, et inversement proportionnel aux rendements, inférieurs à 15 hl/ha. Mais pas au travail fourni à la vigne, celui d'un ouvrier besogneux, ni au soin quasi-maniaque apporté à l'élevage, plutôt luxueux et presque un peu disproportionné. Surtout dans sa jeunesse. Et puis, avec le temps... La Terre 2007, de Bernard Van Berg. Un vin terrien, c'est sûr, mais aérien en même temps. Paré pour le décollage, fin, particulièrement distingué et élégant, après quelques années de vieillissement. À peine moins d'un quinquennat. Et prêt pour signer un nouveau bail de 5 ans à la cave. Le vin, le plus simplement, et surtout très bon. Le vin et la politique, c'est d'un compliqué!
La seule promesse que puisse vraiment tenir le milieu vigneron, finalement, elle nous vient d'un ex-candidat à la candidature, apparemment trop en avance sur son temps: "Le pinard, ça devrait être obligatoire!".
En 2012, le mieux serait donc encore de pouvoir voter Coluche ou, à l'extrême rigueur, de voter bourré! Il est plus que jamais indispensable de railler, pimenter et stimuler une campagne électorale qui s'annonce stéréotypée et convenue, pour ne pas dire dramatique et désolante. Et qui, au final, ne va faire que nous enfumer, une fois de plus.
Olif
* désormais Coteaux bourguignons, dans le but de redorer le blason d'une appellation plutôt péjorative aux yeux du consommateur.