Il a soigneusement choisi les thèmes où le recours au référendum illustre à merveille sa démarche ... et cette nouvelle outrance.
Prenez l'immigration. C'est un sujet polémique, il a un bilan à cacher, et l'appel au peuple Avec ses idées de référendums sur l'immigration, le candidat prolonge le débat sur l'identité nationale organisé en 2009.
L'immigration est un objet de diversion électoraliste. C'est aussi l'une des obsessions intangibles des délires frontistes. L'immigré est le bouc-émissaire facile de nos malheurs.
Sur l'immigration, Nicolas Sarkozy a justement plein d'idées de référendum. Ce n'est pas innocent. En campagne, rien n'est gratuit.
Dans la fameuse interview du Figaro magazine qui lança son entrée en campagne, Nicolas Sarkozy avait proposé un référendum sur le droit des immigrés...
« Je pose la question de la juridiction compétente s'agissant du droit des étrangers. En ce domaine, la concurrence, et souvent la divergence, entre tribunaux administratifs et tribunaux judiciaires est source d'une grande confusion. Je pense que la juridiction administrative devrait être seule compétente en matière d'immigration. »Quelques jours plus tard, à Annecy, il a récidivé: « Je voudrais que tout le monde soit bien conscient de l'enjeu que constitue la maîtrise des flux migratoires ». Pour qui se prenait-il ? Cela fait deux générations que le sujet est une diversion électoraliste facile et un sujet politique insoluble. Cela fait quasiment 10 ans qu'il est en charge du problème, du ministère de l'intérieur à l'Elysée. A Annecy, il a réitéré l'argument. Il voudrait simplifier la procédure d'expulsion: « Pour faire respecter le droit, un juge suffit. Or, il y en a deux actuellement qui se partagent les contentieux, le juge administratif qui est le juge de l'expulsion et le juge judiciaire qui est le juge de la rétention (...). Ce qui rend les choses très compliquées avec ces deux juges, c'est quand leurs décisions sont contradictoires. Je propose qu'à l'avenir il n'y ait plus qu'un seul juge et que ce soit le juge administratif».
Mais il considère que la voie parlementaire, pour modifier la Constitution, sera trop compliquée. Il a raison, le Sénat est passé à gauche en septembre dernier: « la seule voie possible sera celle d'un référendum » a-t-il donc logiquement conclu.
Le peuple contre les élus ? Quelle démarche ! L'homme n'a jamais aussi bien porté son surnom de petit Napoléon.
Masquer le bilan
Claude Guéant avait triché. Mais l'information, révélée par le Monde le 9 février, fut ignorée. En présentant son bilan de la politique migratoire en 2011, le sinistre ministre s'était félicité de sa maîtrise des flux migratoires en assénant toutes sortes de résultats qui semblaient si vrais.
Mais ils n'étaient pas complets. Le Monde avait débusqué l'imposture en lisant le rapport annuel du ministère de l'intérieur au Parlement sur les orientations de la politique d'immigration.
Claude Guéant a commenté l'année 2011 mais il n'a livré ses chiffres que pour 2010 à la représentation nationale. Le ministre avait besoin de publier ses statistiques avant l'échéance normale, pour de simples raisons électorales. Son mentor allait être candidat.Il fallait présenter les chiffres les plus favorables.
De 2007 à 2010, le bilan de Nicolas Sarkozy en matière de maîtrise des flux migratoires avait été mauvais, très mauvais. Et bizarrement, à quelques mois de l'élection présidentielle, le gouvernement s'est « réveillé ». La traque à l'immigré avait repris, grâce à une énième loi suite au discours de Grenoble.
1. En matière d'immigration de travail, Guéant annonçait une baisse de 26 % des entrées entre 2010 et 2011. Il ajoutait que le nombre total de premiers titres de séjour délivrés entre 2010 et 2011 avait aussi baissé de 3,6%. Le Monde précisait: « Or, à l'inverse, entre l'année 2009 et 2010, selon le rapport, ce nombre avait augmenté de 0,8 %, en passant de 198 070 à 199 715. Une tendance qui se vérifie sur le long terme : +7,4 % depuis 2007. »
2. Concernant l'immigration pour « liens personnels et familiaux » des extra-Européens, Guéant annonçait une baisse de 14 % entre 2010 et 2011, soit 12.600 titres accordés l'an dernier. En fait, depuis 2007, la baisse fut plus modeste, -6% en passant de 87.537 à 82.235.
3. Guéant croyait pouvoir se féliciter d'une réduction du nombre de naturalisations, à moins de 82.000 en 2011. Mais sur les 4 premières années du mandat, elles étaient passées de 101.084 en 2007 à 116.496 en 2010.
4. Les expulsions de clandestins ont progressé à 32.000 reconduites à la frontière l'an dernier. Mais, comble de l'hypocrisie, les services de Claude Guéant avaient omis de renseigner le nombre de régularisations pour 2010 ... Depuis 2007, elles ont oscillé entre 27.827 (2008) et 31.755 (2009).
Ami sarkozyste, te laisseras-tu encore berner ?