Grèce : Rien n’a changé !

Publié le 24 février 2012 par Copeau @Contrepoints

Pendant que tout le monde se gargarise de l’accord de dimanche soir sur l’aide à la Grèce, il convient de signaler que, pour les marchés, rien n’a changé. Un défaut grec désordonné est toujours imminent.

Par Pasm, depuis Bruxelles, Belgique.

L’accord prévu avec le secteur privé (PSI pour Private Sector Involvement) prévoit que les investisseurs accepteront une décote de 53,5% sur leurs obligations et la conversion du reste en des obligations à long terme dotées d’un coupon symbolique. Au total, la valeur actuelle nette de leur position sera réduite d’environ 70%. Dans le même ordre de grandeur, les derniers résultats bancaires font apparaître des provisions pour perte sur la dette grecque de 75%.

Logiquement, les obligations grecques devraient donc s’échanger à environ 25% de leur valeur nominale. En effet, n’importe quel investisseur pourrait arbitrer une décote supérieure en achetant l’obligation pour procéder à l’échange et ensuite revendre ses nouvelles obligations en empochant la plus-value générée par l’opération. Il y a donc moyen de juger la confiance des investisseurs dans le succès de l’opération d’échange de titres prévus par la Grèce en fonction du cours des obligations grecques sur le marché secondaire.

Si l’échange était sûr et certain, à combien devraient-elles s’échanger ?

Si elles ont été émise avec un coupon de 4 à 6% de la valeur nominale et qu’elles ne valent plus que 25% de leur valeur d’origine, le coupon actuel représenterait 16 à 25%.  C’est l’ordre de grandeur des obligations à 10 ans qui s’échangent depuis 2 mois avec un taux d’intérêt compris entre 30 et 35%.

Mais il faut réaliser que, dans les situations de crise comme celle que connait la Grèce, le risque n’est pas proportionnel à la durée comme c’est le cas habituellement mais inversement proportionnel à celle-ci. Une obligation à 10 ans est moins risquée qu’une obligation à 1 an parce qu’il y a plus de chance qu’on trouve une solution d’ici 2022 que d’ici 2013 ! Ce qui compte pour évaluer la probabilité de réussite de l’échange d’obligation dont on parle, c’est le taux à 1 an parce que ce sont ces obligations-là sur laquelle la Grèce fera défaut si aucune solution n’est trouvée.

Et le taux à 1 an, il est de 676% !

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