L’Insee tâcle 
la droite sur le coût du travail

Publié le 24 février 2012 par Forrestgump54

Une étude de l’Institut montre que le coût unitaire du travail dans l’industrie manufacturière est identique en France et en Allemagne. L’une accumule les déficits, l’autre les excédents. De quoi remettre en cause le discours et les mesures du gouvernement sur la compétitivité et les baisses de charges salariales.
Mardi, en présentant leur étude sur le coût du travail au sein de l’Union européenne à 15, les spécialistes de l’Inseeont, à partir de données objectives, vitrifié la campagne de Nicolas Sarkozy, de l’UMP et du Medef. En effet, les quatre points essentiels de l’argumentation des auteurs de l’étude, Bertrand Marc et Laurence Rioux, contredisent totalement leurs arguments.
Les écarts de résultat économique
Si le coût horaire du travail dans le secteur privé est globalement plus élevé en France (32,19 euros) qu’en Allemagne (29,36), cela n’explique pas les écarts entre les deux pays en matière de résultat économique. Il apparaît en premier lieu que « le coût de la main-d’œuvre ne constitue qu’une partie de la compétitivité-prix, qui ne constitue elle-même qu’une partie de la compétitivité d’un pays », notent les auteurs. Ainsi, l’Allemagne est dans l’automobile la championne des exportations alors que le coût du travail dans cette industrie y est le plus élevé d’Europe. Il y est « supérieur de 29 % à celui observé en France : 43,14 euros contre 33,38 euros ». Cela n’empêche pas le secteur automobile de contribuer « dans une large mesure à la dégradation du solde commercial de la France ».
Dans l’ensemble de l’industrie manufacturière, « la France et l’Allemagne sont au même niveau », pourtant la première affiche un déficit et la seconde un excédent dans ce domaine. À l’inverse, dans les services marchands, la France a un coût du travail plus élevé que l’Allemagne, et cela ne l’empêche pas d’être excédentaire.

En second lieu, la charge du candidat président contre les 35 heures est balayée. « La diminution du temps de travail effectif, écrivent les rapporteurs, n’explique qu’environ 10 % de la hausse du coût horaire de la main-d’œuvre entre 1996 et 2008. »
En troisième lieu, l’étude constate une « absence de lien significatif entre le niveau du coût horaire et le taux de charges au sein de l’ex-UE à 15 » et considère « qu’à moyen terme le taux de cotisations sociales employeurs n’est pas un déterminant du coût horaire ». Voilà qui ternit les vertus prêtées à la TVA prétendument sociale.
Coût similaire en France et en Allemagne
Enfin, l’Insee en conclut que « le coût horaire de la main-d’œuvre est un facteur parmi d’autres du niveau de compétitivité d’un pays. (…) Un pays avec un coût de production élevé peut être plus compétitif qu’un autre avec un faible coût de production, si sa productivité est supérieure ». Aussi les auteurs s’intéressent-ils au final plus particulièrement au coût moyen de la main-d’œuvre par unité produite, appelé coût salarial unitaire, qui est égal au ratio entre le coût total de la main-d’œuvre et la production en volume, et prend donc en compte la productivité apparente du travail.
Ils constatent que « dans l’industrie manufacturière, le coût salarial unitaire a baissé entre 1996 et 2008 dans un certain nombre de pays européens, dont la France, l’Allemagne, l’Irlande, la Suède » et que son évolution « dans l’industrie manufacturière est comparable en France et en Allemagne, avec un taux de croissance annuel moyen de respectivement – 0,5 % et de – 0,7 % », aboutissant à un coût similaire. On le voit, la campagne sur les coûts prend un sacré coup.

Les précaires cumulent. L’Insee et la Dares, le service d’études du ministère du Travail, ont présenté hier également une grande étude sur « Les transformations des parcours d’emploi et de travail au fil 
des générations ». Thomas Coutrot, de la Dares, a indiqué 
qu’au fil des générations, des plus âgés aux plus jeunes, 
les carrières professionnelles sont affirmées de plus en plus instables, la pénibilité physique du travail est également perçue 
et le vécu du travail considéré comme se dégradant. À noter 
que ce sont les actifs ayant subi des itinéraires instables 
avec chômage ayant au plus trente-cinq ans qui ont la perception la plus sombre de leur passé professionnel.

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