La banque Crédit Agricole SA (CASA), entité cotée du groupe Crédit Agricole, a essuyé en 2011 sa première perte annuelle depuis son introduction en Bourse il y a dix ans, après avoir très lourdement chuté en fin d’année sous l’effet de coûts liés à la Grèce et à sa restructuration.
CASA affiche pour 2011 une perte nette de 1,47 milliard d’euros, après avoir perdu 3,1 milliards – un record – sur le seul dernier trimestre.
En 2010, la banque avait dégagé un bénéfice net annuel de 1,26 milliard d’euros malgré un déficit de 328 millions d’euros au quatrième trimestre.
CASA avait procédé en décembre à un avertissement sur résultats et prévenu ses actionnaires qu’elle terminerait l’année dans le rouge.
Les résultats définitifs sont toutefois inférieurs aux prévisions du marché. Le consensus d’analystes réalisé par l’agence Bloomberg tablait ainsi sur une perte de 856 millions d’euros sur l’ensemble de l’année.
Résultat: après avoir passé la journée dans le rouge, le titre Crédit Agricole SA a terminé en baisse de 4,01% sur un marché à l’équilibre.
Le groupe Crédit Agricole dans son ensemble, avec ses caisses régionales, a enregistré pour sa part un bénéfice net de 812 millions d’euros en 2011, divisé par quatre par rapport à 2010 (3,6 milliards d’euros) et un produit net bancaire en progression de 2,7% à 35 milliards d’euros.
La situation de CASA « ne résulte pas d’une baisse de la performance opérationnelle de nos entreprises, mais de la crise grecque et des écritures comptables qui ont été passées », a affirmé lors d’une conférence de presse son président, Jean-Marie Sander.
Au total, la banque a dû faire face à plus de 5 milliards d’euros d’éléments exceptionnels, dont presque la moitié (2,4 milliards) générée par les contrecoups de la crise grecque. Ils comprennent le provisionnement des titres souverains grecs à hauteur de 74%, pour un montant de 943 millions d’euros sur l’année. Le reste provient de sa filiale grecque Emporiki.Afin de s’adapter aux difficultés de refinancement et au durcissement des exigences réglementaires en terme de solvabilité, le banque a lancé un plan de désendettement de 50 milliards d’euros à réaliser entre juin 2011 et décembre 2012. A fin décembre, elle avait déjà réduit ses besoins de refinancement de 21 milliards d’euros.
Cela s’accompagne d’un plan d’adaptation, avec cessions de portefeuilles, qui touche en particulier ses activités de banque de financement et d’investissement (CA CIB) et de crédit à la consommation (CACF) et doit se traduire par la suppression de 2.350 postes, dont 850 en France.
Cette réorganisation a conduit à d’importantes dépréciations des écarts d’acquisition, en particulier dans la branche CA CIB.
Les comptes du groupe ont aussi été affectés par des dépréciations liées à ses participations dans les banques espagnole Bankinter et portugaise BES, à hauteur de 981 millions d’euros.
Ces éléments exceptionnels n’ont « d’impact ni sur la liquidité ni sur la solvabilité » de CASA, a souligné son directeur financier Bernard Delpit.
Le résultat brut d’exploitation (7,2 milliards d’euros) comme le PNB (20,8 milliards d’euros) ont augmenté de 3,3%.
La restructuration des activités a pesé sur le résultat de la banque de financement et d’investissement, qui affiche une perte de 1,4 milliard sur les trois derniers mois de l’année et de 147 millions d’euros en 2011. Le pôle services financiers spécialisés, où est logée l’activité de crédit à la consommation, est également dans le rouge sur l’année.
Les réseaux de banque de détail ont en revanche bien résisté. Les caisses régionales « ont maintenu un rythme d’activité soutenu », souligne le groupe, avec une hausse de 5,4% du résultat net à 1 milliard d’euros.
Les encours de crédits octroyés par les caisses régionales et LCL ont progressé et les nouveaux crédits ont atteint 96 milliards d’euros.
Le conseil d’administration a confirmé qu’il ne proposerait pas de dividende au titre de l’exercice 2011, une première. « Il eut été irresponsable, pour en verser un, de puiser dans nos fonds propres », a expliqué M. Sander.
Le président de Crédit Agricole SA a évoqué « un groupe qui, comme toutes les banques, affronte la crise, mais un groupe (…) qui s’arme pour rebondir et reprendre une trajectoire de croissance ».
« Nous pensons que l’année 2012 sera encore une année d’exercice tendue », a admis Jean-Paul Chifflet, le directeur général de CASA, lors d’une conférence téléphonique.
Interrogé sur le sort de CASA, dont le titre a souffert en Bourse en 2011 (-54%) et a moins rebondi que ses concurrents depuis janvier (+10%), M. Sander a assuré qu’il était « hors de question de sortir aujourd’hui de la cotation ».
« Le cours est volatil comme celui des autres et reviendra vers un niveau plus représentatif de la valeur de CASA », a-t-il dit, alors que le groupe vaut aujourd’hui en Bourse bien moins que ses fonds propres.