Quels sont les changements biologiques liés à l'état de stress post-traumatique, déclenché suite à l'exposition à un événement très stressant ? L'invasion de la peur face à des éléments sans danger objectif a-t-elle ses causes moléculaires. Les chercheurs de l'Inserm (Université Victor Segalen) nous expliquent dans l'édition express et en ligne du 23 février de la revue Science, que le stress déclenche des niveaux élevés d'hormones glucocorticoïdes qui induisent alors une réorganisation de l'activité du cerveau.
L'état de stress post-traumatique (ESPT), rappelle l'Inserm touche 6,8% de la population générale (aux USA). 30% des vétérans de la guerre du Vietnam et 12% des vétérans de la guerre du Golfe en sont atteints.
Pier-Vincenzo Piazza, directeur du Neurocentre Magendie à Bordeaux rappelle que nous mémorisons plus facilement un événement stressant qu'un événement agréable, une faculté partagée par pratiquement toutes les espèces capables de comportements qui permet la survie dans un environnement hostile. Cependant, en état de stress, la mémoire est perturbée jusqu'à prendre peur dans des situations qui ne présentent aucune menace.
Le stress entraîne une surproduction de glucocorticoïdes : Pour comprendre ce comportement de la mémoire en situation de SPT, les chercheurs ont conditionné des souris à anticiper une menace (un choc électrique) plus ou moins forte en fonction d'un stimulus. En condition normale, les souris montrent une réaction de peur quand elles sont exposées aux stimuli. Lorsqu'ils administrent ensuite des concentrations croissantes d'hormones glucocorticoïdes, les souris ne parviennent plus à restreindre la réponse de peur au « bon » contexte, et aux bons stimuli annonçant la menace. Les chercheurs suggèrent donc que l'ESPT résulte d'une surproduction de glucocorticoïdes chez certains sujets au moment du choc traumatique.
Cette surproduction de glucocorticoïdes s'accompagne d'une réorganisation de l'activité du cerveau, qui peut expliquer la perturbation de la mémoire. En temps normal, quand une personne associe une menace à un contexte, on observe une forte activité dans l'hippocampe et une faible activité de l'amygdale. En cas d'augmentation des glucocorticoïdes, l'activité dans l'hippocampe baisse, l'activité de l'amygdale augmente.En état de stress post traumatique, les chercheurs notent donc une inversion de l'activité normale du cerveau. Cette activité faible dans l'hippocampe peut expliquer que le sujet ne reconnaît plus le bon contexte et il est donc incapable de réserver sa peur aux situations qui la justifient.
Une meilleure compréhension des bases moléculaires de cet état pathologique qui pourraient permettre le développement de thérapies, concluent les chercheurs de l'Inserm.
Source: Science Express 23 février 2012 “Glucocorticoids can Induce PTSD-like Memory Impairments in Mice” et communiqué Inserm
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