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L'art au pied des murs

Publié le 23 février 2012 par Bordeaux7

L'art au pied des mursUne plinthe qui manque de respect aux angles droits, des œuvres sur papier qui racontent des histoires sonores et des images lumineuses qui évoquent des paysages urbains en ruine, voilà ce que le visiteur découvrira à Bordeaux jusqu’aux derniers jours de l’hiver en poussant les portes des galeries d’art contemporain ACDC, Cortex Athletico et Ilka Bree.

Écouter, voir doucement
L’artiste Allemand Rolf Julius (1939-2011), identifié comme l’un des précurseurs du sound art, est avant tout connu pour ses œuvres sonores expérimentales et délicates à la limite du visible et de l’audible. La galerie Cortex Athletico, située en face du CAPC, lui consacre une exposition personnelle où sont montrés pour la première fois à Bordeaux des impressions numériques conçues comme des partitions visuelles et un ensemble de dessins à l’encre. Rolf Julius a insufflé dans son trait ce que l’on retrouve dans ses sculptures sonores, une économie de moyens et une esthétique discrète qui visent l’essentiel. À l’occasion de cette exposition, la galerie lui a aménagé un espace permanent baptisé «la salle des archives» où il est désormais possible de consulter sur rendez-vous des catalogues d’expositions qui documentent son œuvre et d’écouter une grande partie de ses pièces sonores.

Des visiteurs empêchés
Mardi, dans le quartier Sainte-Croix, la galerie ACDC inaugurait l’exposition personnelle consacrée au plasticien Pierre Labat. Beaucoup de gens s’étaient déplacés pour l’occasion. Une information qui pourrait paraître secondaire si l’artiste n’avait pas eu l’idée à la fois drôle et absurde de contraindre l’accès au lieu par une sculpture en bois aux dimensions d’une plinthe fixée à 1,30 m de hauteur faisant le tour complet du périmètre intérieur et n’ayant ni début, ni fin. Cette œuvre peinte en blanc, de la même couleur que les murs, décrit une belle succession de lignes droites et de courbes qui forme une boucle de 35 m de long. La sculpture se détache des murs à l’endroit où naissent les angles droits. «Je voulais rendre hommage à cet élément non décoratif de l’architecture qui finit le mur simplement. Je lui ai donné une forme oblongue, une forme d’auréole, comme celle qui ceint la tête de certains personnages dans les scènes religieuses», explique Pierre Labat. D’ici la destruction de cette œuvre contextuelle et minimale à la fin de l’exposition, le visiteur sera bel et bien contraint de s’incliner devant elle s’il souhaite entrer dans la galerie.

L'art au pied des murs
Après la chute du Mur
La galerie Ilka Bree aux Chartrons accueille, quant à elle, le travail de la plasticienne allemande Stefanie Busch dont la pratique s’organise autour de la photographie. L’artiste, originaire de Dresde, interroge dans ses œuvres les phénomènes de transitions liés à l’effondrement de systèmes politiques et économiques. Elle compose formellement des images qui restituent «quelque chose de l’ordre de la désillusion et de la disparition de ce qui un temps a été en apparence stable et ordonné», précise-t-elle. À titre d’exemple, un ensemble de cinq caissons lumineux questionne l’évolution et la transition de l’ancien régime socialiste de l’ex-Yougoslavie vers une société capitaliste sous la forme de paysages urbains en ruine qui visent l’abstraction. •

Cyril Vergès
Pierre Labat, « Smooth Gallery ». Jusqu’au 31 mars. www.galerieacdc.com
Rolf Julius, « Black listens to red ». Jusqu’au 31 mars. www.cortexathletico.com
Stefanie Busch, « Outbound Passage ». Jusqu’au 23 mars. www.galerie-ilkabree.com


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