Microbes, coquillages et crustacés plusieurs scénarios pour tuer

Le prochain café se déroulera le Jeudi 5 Avril 2012 à 20h30 précises

La Table de Ty Pot

5 Place de la République

29660 Carantec

02 98 78 33 00 ‎

Afficher Café des Sciences sur une carte plus grande
Intervenante:

Frédérique Leroux

Chercheuse de l’IFREMER,

UMR 7139 Station biologique de Roscoff

Frédérique Le Roux, fille et petite fille de marins-pêcheurs du Guilvinec a fait des études de biologie moléculaire dans différentes Universités, Grenoble, Rennes et Lyon. Dès sa thèse, elle a manifesté un intérêt particulier pour les microbes et les maladies qu’ils provoquent, et a soutenu sa thèse à l’École Normale Supérieure de Lyon sur le virus herpes humain responsable de la maladie « du baiser » (mononucléose infectieuse). Après des recherches à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif sur les relations virus-cancer, son destin marin la conduite à intégrer l’IFREMER pour mettre à profit ses compétences sur les microbes à l’étude de parasites de l’huître plate dans un premier temps, puis des bactéries associées aux mortalités estivales d'huître creuses. Après avoir mener ses recherches pendant 4 ans à l'Institut Pasteur de Paris elle a été invitée pour 2 ans dans la prestigieuse Université d’Harvard pour y étudier l’émergence de bactéries /Vibrio/ pathogènes d’invertébrés marins.

A son retour des Etats Unis, la station biologique de Roscoff la accueillie pour y créer son équipe de recherche sur les microbes pathogènes des animaux marins, dont elle est devenue l’une des grandes spécialistes mondiales. Les travaux des recherches de Frédérique Le Roux ont été concrétisés par 33 publications scientifiques internationales de rang A.

Thème de la soirée :

Microbes, coquillages et crustacés, plusieurs scénarios pour tuer

Les invertébrés marins abritent des millions de microbes. Certains microbes (les symbiontes) contribuent aux fonctions vitales de l’hôte comme la défense contre les agents infectieux.

D’autres microbes (les pathogènes) au contraire développent différentes stratégies pour tuer l’animal. Parmi elles, le partage des armes, l’altruisme et la tricherie témoigne d’une organisation sociale des bactéries, régit par des petites molécules de communication.

Dans cette présentation, en partant d’exemple de pathogènes huîtres, de crevettes ou d’oursins, nous illustrerons plusieurs scénarios développés par ces bactéries pour survivre, résister en milieu hostile et tuer.

Mortalité des huîtres : les ostréiculteurs...par 5050tv

Quelques liens sur wikipédia:

• Huîtres: http://fr.wikipedia.org/wiki/Hu%C3%AEtre

• Fruits de mer : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fruit_de_mer

Un noël sans huîtres ?!

Extrait de Transrural Initiatives n°405 – Avril 2011

Pathogènes, environnement, mode d’élevage ? La mortalité exceptionnelle des jeunes huîtres depuis trois ans peine à être expliquée. Depuis l’été 2008, une surmortalité des huîtres de moins d’un an est enregistrée sur les côtes françaises : entre 60% et 100% selon les sites ostréicoles. Sachant qu’il faut classiquement trois ans pour produire des huîtres commercialisables, c’est à partir de 2011 que les ostréiculteurs vont subir de plein fouet la surmortalité des naissains.

Après analyse des déclarations de mortalité par les ostréiculteurs, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), mandaté par le ministère en charge de l’agriculture pour étudier ce phénomène, indique que les causes ont un caractère complexe et multifactoriel. Un virus de la famille de ceux responsables de l’herpès et des bactéries du genre Vibrio seraient, en partie, à l’origine de la surmortalité des huîtres. Des agents infectieux similaires avaient déjà été repérés lors d’un programme de recherche sur la mortalité estivale des huîtres creuses, clos en 2006.

Eaux troubles

Actuellement, un tiers des huîtres élevées sont biologiquement modifiées : ce sont les huîtres triploïdes, mises au point en France par l’Ifremer qui détient le monopole de leur géniteur. Par rapport à leurs homologues « naturelles », les huîtres triploïdes sont stériles, elles ne sont donc jamais laiteuses et croissent plus vite. Aujourd’hui, il n’y a pas de différence entre les taux de mortalité des huîtres modifiées et de celles qui ne le sont pas. Des résultats plutôt rassurants pour l’Ifremer dont le rôle ambivalent (commercial et en même temps d’expertise) est dénoncé par certains professionnels du secteur.

Le bilan d’un séminaire sur la mortalité des huîtres, organisé par l’Ifremer fin 2009, indique que « si des phénomènes de résistance au virus ont été observés, cela met surtout en lumière la nécessité de connaître l’historique des lots, leur origine précise, les dates éventuelles de captage et/ou de transfert, leur taille à l’ensemencement, le taux d’anomalies génétiques … faute de quoi il est difficile de déterminer les relations entre l’origine, les transferts et la mortalité aussi bien au niveau du naissain d’élevage, du naissain d’écloserie que du naissain de gisement naturel ». On y apprend également que les modes de production et d’élevage pourraient favoriser l’expression des agents pathogènes, même si « les interactions entre pratiques culturales, environnement et mortalité ne sont pas suffisamment prises en compte ». L’impact de facteurs environnementaux, comme la présence de pesticides sur la fragilité des naissains et/ou l’apparition de variants chez les pathogènes, n’est pour l’instant pas connu. Ainsi, on ne sait que peu de choses sur les conditions défavorables à la survie des jeunes huîtres, et les solutions de sortie de crise sont donc loin d’être déterminées.