Le week-end dernier, la Ville éternelle était en consistoire. Cet acte par lequel le souverain pontife crée les cardinaux, c’est-à-dire ses principaux conseillers qui, un jour, seront amenés à désigner son successeur. Comme d’habitude, tout était soigneusement organisé, minuté, planifié, pour que la cérémonie soit si belle. Comme d’habitude aussi, la liturgie était remarquable de splendeur et de majesté. On célébrait, là, Dieu en ces hommes qui, pour la première fois, recevaient la barrette et l’anneau cardinalices : leur double dignité. Désormais, avec ces deux symboles, ils sont appelés à porter le message du Salut. A le défendre jusqu’au martyre. Quelle redoutable mission ! Quelle tâche gigantesque dans un monde, où, justement, la quête de l’Invisible n’est plus la première des préoccupations humaines ! L’Homme contemporain est plutôt attiré par l’argent, le pouvoir ou encore l’hédonisme. Mais revenons vite sur l’un des temps forts de cette fête du cardinalat. Notamment le moment où fut proclamé l’Evangile. La scène qui en était la trame parlait des deux fils de Zébédée, Jacques et Jean (Mc, 10, 37) « qui poursuivent encore des rêves de gloire auprès de Jésus » et lui demandent « accorde-nous (…) de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche ». Face à cette attitude des deux frères, Benoît XVI a livré une méditation mettant en relief « le service de Dieu et des frères, le don de soi : c’est là la logique que la foi authentique imprime et développe dans notre vécu quotidien et qui, par contre, n’est pas le style mondain du pouvoir et de la gloire. » Alors que ces dernières semaines, certains médias italiens colportaient des rumeurs sur la supposée mauvaise gestion financière et administrative de la Cité du Vatican. On soulignait même qu’en raison d’un rapport « très conflictuel » le pape-théologien s’apprêtait à remplacer son secrétaire d’Etat actuel, le cardinal Tarcisio Bertone, par le cardinal-archevêque de Milan, Angelo Scola. Que croire ? Qui croire, vraiment ? Quand on sait que chez le vicaire du Christ, à qui l’on a confié le mandat supérieur de tenir la barque de l’Eglise, la discrétion est d’or.
Guillaume Camara