ADP éclate de bonne santé.
Ce n’est pas une révélation mais une simple confirmation : mieux vaut gérer des aéroports qu’une grande compagnie aérienne. Aéroports de Paris nous le rappelle avec brio : la reprise de son trafic est confirmée, tant à CDG qu’à Orly, et les comptes de 2011 font apparaître un EBITDA de 972 millions d’euros et un résultat net de 348 millions sur un chiffre d’affaires de deux milliards et demi. Ce qui revient à dire que le transport aérien peut être rentable à condition de ce trouver du bon côté du miroir.
ADP confirme implicitement que la crise fait bel et bien partie du passé, les 88,1 millions de passagers enregistrés à Paris l’année dernière correspondant à une progression de 5,7%. Mais fret et poste sont à la peine, 2,5 millions de tonnes, en recul de 3,8%. Personne, en cette matière, ne se risque à une explication, alors que le transport de marchandises est traditionnellement considéré par les économistes comme un excellent baromètre, annonciateur précoce de trous d’air ou de reprise.
Les statistiques établies par ADP sont néanmoins riches en enseignements. On retiendra tout d’abord que le nombre total de mouvements d’avions, 735.422, en augmentation de 3,9%, a progressé moins vite que le nombre de passagers, une tendance qu’explique un coefficient moyen d’occupation en hausse de 0,9 point, à 76,9%. Cela signifie aussi que le quart des sièges ne sont pas occupés, une situation jugée normale jadis, difficilement acceptable aujourd’hui. La remarque s’impose, certes, mais ce relatif déséquilibre varie d’une compagnie aérienne à l’autre. Et il ne suffit pas de remplir davantage ses avions pour bien se porter, seul comptant le niveau de la recette unitaire.
Avec 27,1 millions de passagers, + 7,7%, Orly se porte bien, à un point tel que l’on finirait par oublier que le nombre de mouvements y est limité arbitrairement et compliqué par un couvre-feu. Cette plate-forme reste très appréciée en raison de sa proximité de Paris et apparaît plus que jamais comme la plate-forme du trafic intérieur. Lequel se montre sous un jour nouveau depuis que les compagnies low cost ont envahi le marché. Elles représentent dorénavant 13,6% du trafic total des aéroports parisiens, elles ont enregistré l’année dernière une croissance de 11,3% et feront sans doute au moins aussi bien en 2012 et au-delà. Mais, cela, ADP ne le dit pas, pour cause de neutralité – c’est de bonne guerre.
A CDG, avec 61 millions de passagers, l’augmentation de trafic est de 4,8%. C’est un bon niveau, proche de la croissance moyenne mondiale. Mais, là et à Orly, les chiffres demandent à être manipulés avec prudence dans la mesure où ils portent les stigmates de sursauts géopolitiques, d’événements météorologiques, quand ce ne sont pas des éruptions volcaniques qui viennent brouiller les cartes. Mais il ne faut pas gâcher son plaisir pour autant : ADP confirme haut et clair que la situation est plutôt bonne, que Paris garde son rang et gagne très honnêtement sa vie, à la grande satisfaction de ses actionnaires.
Les activités annexes y sont pour quelque chose. A elles seules, les boutiques situées en zone réservée ont réalisé un chiffre d’affaires de 841 millions d’euros, elles constituent une vitrine de haut de gamme du savoir-vivre français et placent de belles tentations sous les yeux des passagers. Par ailleurs, les redevances aéroportuaires «principales» (d’atterrissage, de stationnement, les redevances par passager), après une année de grande modération
(+ 1,49%) vont être augmentées le 1er avril prochain de 3,4%. Telle est la règle. Il est vrai qu’il faut financer, inlassablement, des extensions de capacité et autres améliorations. Ce sera, dans deux mois, la jonction entre les terminaux A et C et, en juillet, l’ouverture du satellite 4.
ADP, plus que jamais, parle le langage du monde des affaires. Ainsi, deux «co-entreprises» (merci de nous éviter «joint venture» !) viennent d’être créées, Relay@ADP et Médias Aéroports de Paris.
Un bon bilan, de bons chiffres, une touche d’optimisme dans un monde aérien français qui a, en ce moment, beaucoup de soucis.
Pierre Sparaco - AeroMorning