Presque 10 ans après sa première version (1999) Luc Brunshwig remet donc le couvert, en laissant le pinceau de Roberto Ricci (talentueux dessinateur italien) et propose une nouvelle version dense et sombre de son “Sin City”…
paru Chez Futuropolis en Septembre 2011
Dessins de Roberto Ricci
Scénario de Luc Brunschwig
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Public conseillé : Adulte, lectorat plutôt masculin
Style : Science fiction, polar, aventure.
Références cinéma : Blade runner de Ridley Scott, Batman de Tim Burton
Présentation de l’éditeur
Zacchary Buzz quitte sa famille de fermiers pour se rendre à Monplaisir, une immense cité dédiée aux loisirs, aux jeux, aux plaisirs… Avec pour modèle Overtime, le plus grand justicier de tous les temps, il rêve d’intégrer la meilleure police du monde : les Urban Interceptor.
Monplaisir est une société sur contrôlée, dirigée par l’omniprésent Springy Fool. A grands renforts de caméras et d’écrans géants, toute la ville peut suivre en direct les moindres faits et gestes de ses habitants. Monplaisir est également sous le contrôle d A.L.I.C.E., un système automatisé composé de robots nettoyeurs qui font la chasse aux voleurs, avec des méthodes plutôt musclées… Ce système permet aux policiers de s’occuper des vrais crimes, car derrière la fête et l’amusement, on retrouve les corps mutilés de plusieurs jeunes filles. Devenant trop gênant, l’enquêteur principal est lui même assassiné par Antiochus Ebrahimi. On met alors sur le coup le meilleur Urban Interceptor : Isham El Ghellab. Cette traque est mise en scène en direct sous forme de jeu télévisé, où les spectateurs peuvent parier sur la mise à mort d’un des deux protagonistes. Zach, qui rêvait de justice, découvre que tout n’est que violence et cynisme et que le monde magique de Monplaisir est bien cruel…
Ce que j’en pense
Étonnant ! cette bande dessinée est la 2ème version du même scénariste (un remake donc) ou plus exactement un « reboot », puisque Brunschwig recommence à zéro le travail sur un terrain « presque » vierge. Presque 10 ans après sa première version (1999) Luc Brunshwig remet donc le couvert, en laissant le pinceau de Roberto Ricci (talentueux dessinateur italien) et propose une nouvelle version dense et sombre.
Dans cette mise en place, nous allons suivre l’arrivée de Zacchary Buzz, bon gars, mal dégrossi dans la cité de « Montplaisir » en tant que futur « Urban Interceptor » (milicien). Cette cité privée, ou tout est permis et médiatisé est la cité du plaisir sous toutes se formes. Les visiteurs de cet immense parc de loisir « extrême » pour adultes s’y baladent sous les déguisements les plus farfelus. Spiderman, Barbapapa, Catwoman ou tout autres références s’y croisent dans la plus grande indifférence. On peut facilement imaginer que ces déguisements favorisent l’ anonymat et autorisent leurs porteurs à exprimer leurs désirs les plus enfouis, voire les moins acceptables. Malgré cette permissivité débridée, cette cité n’est pas dénouée de lois ni de sanctions. Zach, en bon bouseux de base, rêve de devenir le justicier de série télévisée de son enfance (Overtime). Fidèle à ses rêves de petit garçon, Il arrive dans cette cité du vice (cette « Sin City ») pour apprendre le métier de flic local. Tout n’est pas si rose, dans cette mégapole autogérée. S’il s’ éprend d’une employée de la tour ou il habite, celle ci est vite éclipsée. Plus dangereux, Les animateurs de la cité (Springy Fool et d’A.L.I.C.E ) sont ultra présents. Manipulateurs hors pair, ils médiatisent les criminels et présentent une arrestation sous forme de reality show…
Zacchary va donc apprendre à ses dépens les lois si particulières et souterraines de l’entertainement… Brunschwig nous donne, dans cet album une belle introduction à son monde et ses protagonistes. Sous-héros dépassés, rouages d’un système centralisé et médiatisés, il sont traités avec finesse et profondeur. Ce qui lui donne l’occasion de distiller une critique subtile de la sur-médiatisation et des risques d’une justice privée.
Coté graphisme, c’est une apothéose de couleurs que nous donne Robert Ricci. Ce dessinateur avait déjà prouvé dans la série de science-fiction Les âmes d’helios tout son talent. Mais là, il passe la 5eme. Très fort en couleurs, Ricci pose des ambiances graphiques digne d’un « blacksad ». Son trait est plus nerveux, moins précis, mais il est aussi expressif et vivant. Loin des sagas de science-fiction hyper réalistes, il s’amuse l’animal. Les costumes des visiteurs de Montplaisir lui donne l’occasion de multiples références graphiques digérés et resservis à l’envie. C’est un vrai bonheur de lecteur que d’identifier les costumes d’arrière plans. Au delà de ces blagues graphiques, Ricci pose un univers sombre, inquiétant et vivant. Il sert le parfait miroir au scénario de Brunschwig.