du 16 au 22 Janvier 2012
à la Galerie Julien Brugeas
Pourquoi donc parler de l’exposition bd de Luigi Critone sur “un amour de bd” ? Ce n’est pas mon cœur de sujet, mais je suis tellement séduit par le travail de cet auteur sur “Je, François Villon”, que je ne peux passer cette évènement sous silence.
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Un petit mot d’abord sur cette galerie “pas comme les autres”
Julien est nouveau venu en “galerie bd”, en tout cas, à son nom. Fort d’une expérience de libraire puis d’une galerie précédente, il s’est lancé dans l’aventure à son propre nom et commence à proposer des œuvres d’auteurs de bandes dessinées montants. Son œil est particulièrement exercé au découpage des planches et sa sélection d’œuvres de grande qualité. Pour éviter de trop grosses charges qu’il devrait répercuter sur les prix de vente, les expositions de prennent corps que le temps nécessaire (une à 2 semaines). Au delà, elles restent accessibles sur le net.
Voici donc la première exposition de cette galerie consacré à Luigi Critone.
J’ai déjà écrit sur cet auteur un billet dithyrambique à propos du premier tome de “Je, François Villon”. Voir en réel le travail sur les planches n’a fait que confirmer tout le bien que j’en pense. Voici donc, les différents travaux que vous pourrez admirer dans cette exposition.
Préalable aux planches, commencez par regarder quelques recherches (crayonnées ou aquarelles) consacrées au design des personnages.
Si ce n’est pas pour moi le plus intéressant dans le travail de Critone, il a l’avantage d’être très accessible en terme de prix si vous désirez vous offrir un petit original.
Ses recherches de personnages sont d’une grande précision, aussi bien sur les expressions qui transmettent leur caractères que sur les vêtements (qui semblent très documentés).
Les illustrations en couleur directe
Beaucoup plus impressionnant, Critone a complété ses recherches par des illustrations couleurs réalisées à l’occasion de l’exposition. Pour moi, qui ne connaissait de lui que des monochromes (sa technique de prédilection à l’aquarelle), c’est particulièrement réussi. Les tons sont lumineux, solaires. La matière profonde et le dessin fragile et élégant. Le rendu est assez académique, mais vraiment subtil et sensible.
La couverture est un cas d’école
Majestueuse, elle résume à elle toute seule tout le talent de Luigi. Très épurée dans sa composition, ses gouaches sont splendides. La simplicité attire le regard et les couleurs y “vibrent” avec intensité. L’expression, elle aussi est particulièrement réussi. Critone nous fait sentir dans soin regard et ses traits toute la complexité (joie et tristesse) de son Villon.
Les planches originales
Venons en enfin au sujet principal de l’exposition : les planches de l’album. Elles sont travaillées à l’aquarelle, dans des camaïeux de gris bleutés “aériens” ou “terreux” voire “fumeux” suivant le sujet. La couleur ajoutée ultérieurement sur ordinateur n’est pas présente. Même sans cette information couleur, les planches sont superbes et très graphiques.
Coté préparation, on ne voit pas de trace de crayonné, mais juste des contours à l’encre de chine sur certaines d’entre elles.
Le résultat est assez lumineux (quant le sujet le permet) et d’une manière générale très lisible. Comme me l’a fait remarquer Julien Brugeas, l’ accent est mis sur le découpage des cases.
Cet auteur est particulier, dans le sens ou il est capable de travailler directement à l’aquarelle.
C’est un exploit technique, d’autant plus qu’on ne voit aucun “repentis” (reprise ultérieure). C’est carrément dingue !
Ses incroyables qualités techniques donnent un rendu “vaporeux”, légèrement “tremblé” et terriblement humain. Nimbés dans un “flou léger” Luigi se libère de temps en temps et tente des expressions graphiques originales.
Par exemple, la planche 3 dans le carrousel ci-dessous, il exécute un ciel menaçant et particulièrement expressif, proche d’ un style vraiment pictural.
La 6ème planche de ce carrousel aussi est un bon exemple de ses audaces graphiques : L’action rapide est à peine esquissé pour suggérer cette rapidité sans le moindre détail, tout en ombres chinoises. Sans se rapprocher de la technique impressionniste, il en prend la logique : peindre la sensation plutôt que le rendu.
Vraiment ma-gni-fi-que.
J’arrête là mes commentaires en vous proposant de découvrir en ligne l’intégralité des œuvres exposées (sur le site de la galerie Julien Brugeas)
Pour en savoir plus : Ma critique du tome 1 de “Je, François Villon“