Edité chez Drugstore,
Scénario de Jacques Lob & Benjamin Legrand,
Dessin de Philippe Druillet,
Couleur de Jean-Paul Fernandez,
sortie le 01/02/2012
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Public conseillé : Adolescent / Adulte, plutôt masculin
Style : science fiction, espace opéra
Références : Salammbô de Gustave Flaubert (1858), H P Lovecraft
Présentation de l’éditeur
Lone Sloane est toujours bloqué sur Delirius la bien nommée, lieu de plaisir à l’échelle galactique. Le voyageur solitaire du cosmos est en difficulté : il a été frappé d’une flèche d’effacement par les moines fanatiques de la Rédemption Rouge. Heureusement, il est accompagné par Mali, la fille de son ami martien Yearl, qui lui rappelle qu’on compte sur lui… D’abord pour s’extraire des sous-sols miséreux de Delirius, puis pour retrouver Yearl et Lance, l’amant de Mali… Enfin pour sauver les habitants de Delirius et ceux de la galaxie de la folie meurtrière !
La lutte du Bien contre le Mal est le combat éternel de Lone Sloane. Existe-t-il une autre voie pour l’homme aux yeux rouges ? Peut-il décider d’être libre et neutre quand l’univers l’appelle à se battre ?
La grande roue du destin ne cesse jamais de tourner. Elle mettra enfin face à face Lone Sloane avec son véritable ennemi, Shaan le tyran, l’Imperator de toutes les galaxies..
Cet album marque le grand retour de Druillet et de son mythique héros. C’est une fantaisie baroque, non dénuée d’humour, une explosion graphique du niveau de celles qui ont révolutionné la S.F. au début des années 70. C’est également un hommage à Jacques Lob, grand auteur et ami de Druillet, qui avait commencé à travailler sur cet album avant sa disparition prématurée.
Ce que j’en pense
Lone Sloane, paria cosmique est un personnage récurant dans l’œuvre de Philippe Druillet. Il a vu le jour en 66 alors que les Rolling Stones venaient de sortir « aftermath » Druillet lui, âgé de 22 ans signait son tout premier album de la saga « le mystère des abimes » édité chez Losfeld, puis par la suite réédité en 77 sous le nom de Lone Sloane 66.
Son dessin n’était pas encore bien défini et assez basique, loin des magnifiques doubles pages de peintures stellaires sans fond. D’ailleurs il confira par la suite que sous la pression éditoriale il dut bâcler son travail. Mais les bases de ce Far West spatial étaient bien là, loin de s’imaginer qu’il allait dans un futur assez proche transcender le petit monde assez fermé de la bande dessinée , en s’affranchissant des petites cases bien conformistes et établies par les Franquin et Hergé de l’époque… Philippe Druillet a indéniablement fait basculer la bd dans le monde adulte. Ont suivi en 72 « les 6 voyages de Lone Sloane », Delirius en 73, Gail en 78, puis Chaos en 2000. L’album Délirius 2 quant à lui, avait été commencé en 87, mais le décès prématuré en 90 de son grand ami Jacques Lob qui avait signé le scénario du premier Délirius l’a profondément meurtri au point qu’il avait abandonné l’idée de ressortir ce nouveau volet un jour.
Ce n’est quand janvier 2012 que ce dernier opus verra le jour chez Drugstore, Benjamin Legrand a scénarisé cet album même si Druillet se plait a dire qu’il a massacré son scénario car le découpage ne lui convenait qu’a moitié. Les couleurs elles, ont été confiées à Jean Paul Fernandez.
Le style de Philippe Druillet n’est pas facile à définir. En effet pour le néophyte que je suis son trait est reconnaissable parmi milles ! Souvent adulé mais jamais copié, ses dessins ou plutôt ses peintures sont faites pour une grande partie sur des supports démesurés, loin des standards que la plupart des auteurs utilisent. Un trait que l’on peut qualifier d’apocalyptique avec des personnages aux traits torturés. Lors de conférences, Druillet cite souvent Gustave Flaubert qui a eu une certaine influence sur son travail. D’ailleurs il aura reprit avec une grande liberté son roman Salammbô pour en faire une magnifique trilogie, reprenant Lone Sloane pour le rebaptiser Matho.
Lone Sloane est un néo Terrien qui combat les forces du mal, l’intégrisme et le fanatisme à travers les constellations. Il est accompagné de Yearl un néo Martien et ils arpentent l’univers à bord de leur vaisseau le O’sidarta.
Lone Sloane quitte la planète de Nabuklon en proie à de violentes émeutes pour rejoindre Yearl son vieille ami néo Martien qu’il n’a pas revu depuis 20 ans, sur Alcalante planète où ce dernier s’est sédentarisé et reconverti en antiquaire, dans une jolie petite villa (d’ailleur on peut voir dans sa maison les différents bronzes et sculptures que Druillet a réalisé ces vingt années…). Les retrouvailles sont brèves et Yearl lui explique que Mali sa fille s’est faite kidnappée par des proxénètes et envoyée dans un bordel sur Délirius la gigantesque capitale intersidérale de débauche où se retrouve toute les personnes voulant passer du bon temps en tout genre, ou assouvir leurs fantasmes les plus pervers. Délirius est contrôlée par la rédemption rouge, secte à la doctrine dévastatrice qui consiste à faire purifier leurs adeptes dans d’immenses temples incandescents à la gloire de Kharman.
A peine arrivé, les deux acolytes retrouvent Mali et tombent dans un traquenard, (piège tendu par Shaan ?)
Pour conclure, Je trouve cet album bien réussi à la hauteur des précédents.
l’histoire peut paraître incompréhensible par moment car le scénario est parfois mal desservi par le graphisme démesuré et envahissant qui remplit des pages entières avec une multitude de petits détails imperceptibles au premier coup d’œil. Au-delà du récit, dans l absolu assez banal de l éternel combat entre le bien et mal, quand on rentre un peu plus en profondeur dans son œuvre on peut y découvrir un coté beaucoup plus philosophique. Mais lire du Druillet ça se mérite, et malheureusement beaucoup de lecteur parmi la jeune génération y reste hermétique. Ne serait ce que pour admirer les dessins architecturaux propres au style de Druillet, je ne peux que recommander vivement la découverte de cet album de SF espace opéra qui malgré son coté un peu désuet en 2012, ne laissera personne indifférent.