Puriste / Pas puriste : mes limites à l'historicité

Je voulais faire un petit point avec vous aujourd'hui, car vous l'ignorez peut-être, mais il y a des degrés et des critères différents d'historicité dans les costumes que vous pourrez apercevoir ici et là sur mon blog, sur d'autres blogs, aux événements costumés, etc. Certains confectionnent leurs tenues en prenant un soin bien particulier à être le plus historique possible dans la réalisation ainsi que dans la technique, et ce dans le moindre détail. D'autres dérogent à certaines règles historiques pour s'adapter à nos temps modernes. D'autres encore changent toutes les règles de l'époque pour les adapter à leur imagination et à leurs envies. Enfin, il existe aussi des adeptes des déguisements cheap, mais je n'en ferai pas -ou presque- allusion ici, car ce n'est pas l'objet de ce post.
Je ne veux pas choquer certains lecteurs très à cheval sur l'historicité des détails, aussi j'aimerais préciser ici que je ne suis pas une puriste. Que ce soit clair, j'essaie toujours de coller au mieux aux grands critères : je m'efforce de toujours étudier avec soin des gravures, peintures, et robes d'époque dont je m'inspire pour ne pas faire de faux pas, je respecte les formes des robes, le nombre de pièces, les couleurs utilisées à l'époque, le style et le rendu du tissu, je porte toujours les dessous adéquats, je fais toujours en sorte qu'aucun détail anachronique ne viennent se glisser dans le visuel de l'ensemble de la tenue. Cependant, je m'accorde parfois le droit de faire quelques concessions pour différentes raisons bien personnelles :
- Le manque de technique : parfois certains détails sont plus difficiles à réaliser lorsque vous êtes débutant en couture. Pour exemple, une amie m'a justement fait remarqué que les oeillets métalliques n'étaient pas utilisées au XVIIIe siècle. En effet, je savais que les oeillets étaient brodés à l'époque. Alors pourquoi je ne le fais pas ? Tout simplement car à mon niveau, pour le moment, je ne sais pas faire d'oeillets brodés ! Je m'autorise donc à poser de simples oeillets métalliques car ces oeillets sont un détail qui ne se voit pas lorsque la tenue est portée. Du coup, cet anachronisme invisible me gêne moins. Mais entendons nous : je ne demande qu'à m'améliorer et à apprendre, et le jour où j'aurais saisi comment broder des oeillets, j'abandonnerai ceux métalliques sur mes tenues XVIIIe !
- Le manque de moyens : quand on se lance dans la couture pour la première fois, bien sur le premier investissement est coûteux, on doit s'acheter une machine à coudre, un mannequin et d'autres menus détails. Mais ce qu'il faut savoir c'est qu'à chaque nouvelle tenue, il y a un budget. Le tissu est loin d'être gratuit. Bien sur, vous pouvez écumer les bons plans, trouver des coupons en soldes etc, mais il faut tout de même y consacrer un certain budget. Si vous vous confectionnez une tenue en coton, il y a des chances pour que vous réussissiez à limiter les coûts, mais dès lors que vous souhaitez vous faire une robe d'apparât, ça douille nettement plus. Les tissus utilisés à l'époque ? La soie, le taffeta de soie, le brocart... Allez voir au Marché Saint Pierre le prix de ces tissus... Si vous avez la chance de trouver des bons plans pour avoir votre soie au rabais, tant mieux, mais pour l'instant (et ça nous renvoie au premier point) je ne suis qu'une novice et je ne connais pas tous ces bons plans, je paie donc tout au prix fort ou presque, même s'il m'arrive de tomber sur des choses intéressantes. Bref, tout ça pour vous dire que oui, j'ai utilisé et j'utiliserai sans doute encore du tissu tout ce qu'il y a de plus synthétique pour des robes "historiques". Mais à condition que ces tissus soient beaux, de couleurs naturelles et plausibles pour de l'historique, et que le rendu du tissu soit conforme à de la soie ou autre. Certains taffetas acétates sont très beaux avec un beau rendu, et à un prix raisonnable. Pour ma tenue actuelle, vu que j'ai gagné un peu d'xp en couture, je me suis accordée des tissus nobles : de la soie. Mais je ne doute pas revenir sur du taffeta synthétique si un jour j'ai un coup de foudre, ou un budget très réduit. Et puis je n'ai parlé que du tissu, mais il n'y a pas que ça. Vous devrez acheter également tout ce qu'il faut pour les décos et les accessoires : dentelles, galons, biais, baleines, chapeau, chaussures !
Ah et dernier point qui cette fois n'a pas d'excuse, mais j'assume complètement : j'utilise une machine à coudre ! Bah oui si on veut rester historique jusqu'au bout on est sensé coudre à la main, mais très peu pour moi !
A vous maintenant de vous faire votre propre idée du costume historique au XXIe siècle et de mon travail, mais ne vous offusquez surtout pas en voyant quelque chose d'anachronique dans mes photos ! Par contre, vous avez le droit, et je vous en serais très reconnaissante de me faire part de ce détail anachronique aperçu sur le blog, car certains sont voulus, mais d'autres peuvent être des erreurs de ma part, j'apprends tous les jours ! Et même quand certains détails sont voulus, cela ne veut pas dire que je refuse la discussion, et si vous voulez m'apprendre comment transformer ce détail en quelque chose d'historique, ça sera avec plaisir !
Pour finir sur une note légère, soyez surs que j'essaierais toujours de toutes mes forces de m'éloigner de ça :