Révoltez-vous !
Après une mini-série plutôt décevante consacrée à “Spider-Woman”, le duo Brian Michael Bendis et Alex Maleev renoue avec la qualité de leur incroyable run sur Daredevil.
Cet album reprend les cinq premiers épisodes de cette saga dont l’héroïne est une jeune femme animée par une quête vengeresse. À l’instar d’un certain Frank Castle, Scarlet a perdu un proche suite à une terrible injustice et décide, dans un premier temps, de faire payer les auteurs de ce crime. La grosse différence entre la quête du Punisher et celle de Scarlet est que les auteurs du crime ne sont pas des gangsters, mais des représentants de l’ordre corrompus. La jeune héroïne décide donc également de s’attaquer au système en tentant d’éveiller les consciences.
Le scénario peu donc sembler un peu léger à la base, mais l’idée de déclencher une révolution populaire américaine moderne, un peu à l’image du printemps arabe ou des indignés espagnols, est somme toute assez originale et intéressante.
Si l’intrigue est parfaitement maîtrisée et servie par un duo parfaitement rodé, le procédé narratif est également particulièrement efficace. Brian Michael Bendis ne se contente pas de livrer des dialogues parfaitement ciselés, mais laisse également son héroïne s’adresser directement au lecteur, créant ainsi une proximité qui renforce encore l’empathie envers cette jeune victime de la société. Malgré des actes condamnables, le lecteur est donc pris d’affection pour cette sympathique rouquine et s’attache à sa cause.
Le fait de dérouler les moments forts de la vie de Scarlet en seulement quelques cases (naissance, premier baisé, etc) permet non seulement d’en apprendre plus sur Scarlet, mais renforce encore l’empathie car ce sont là des moments-clés que la plupart des gens partagent. C’est une manière très intelligente de lier le lecteur à un personnage qui commet pourtant des actes répréhensibles.
Si la narration est indéniablement l’un des points forts, l’autre est sans conteste le graphisme d’Alex Maleev. Le fait de laisser son héroïne s’adresser face caméra au lecteur, combiné à ce style photo-réaliste dont il a le secret, donne un côté télé-réalité très moderne à l’ensemble. Il parvient également à nouveau à installer une ambiance très sombre, propice au développement d’un polar noir, et fait ressortir son personnage principal de la masse à l’aide d’une coiffure orange très visible… Comme un phare aperçu dans la nuit, montrant le chemin à suivre… celui de la révolution !