Du champ au marchand

Publié le 22 février 2012 par Bordeaux7

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? C’est en substance le précepte du Groupement des éleveurs girondins (GEG) qui vient d’ouvrir une boucherie à Mérignac, bien décidé à faire sauter les intermédiaires. Après Daignac, Lesparre et Toulenne, c’est le 4e point de vente en circuit court que ces éleveurs ouvrent, le premier sur la CUB. «J’aime à penser qu’avec ces créations, nous développons le commerce équitable : des producteurs s’adressent directement aux consommateurs», résume Philippe Nompeix, directeur du GEG.
Exposition de bovins samedi

Représentant 170 adhérents (130 producteurs bovins et 40 ovins), le Groupement entend ainsi faire la promotion des «produits de proximité, certifiés, avec un rapport qualité/prix performant». Dans la continuité de cette réflexion, une exposition de bovins sera d’ailleurs organisée samedi à 11h dans le centre de Mérignac, tout près de la boucherie. Pour autant les producteurs ne sont pas devenus des experts de la découpe. Les huit professionnels qui officient derrière l’étal de la «Boucherie de la Métropole» sont des bouchers recrutés par le Groupement qui a investi près de 800 000 euros dans cette nouvelle installation. De quoi faire grincer les dents des bouchers qui ont vu poindre un nouveau concurrent ? Certains pratiquent en effet déjà le circuit court en s’approvisionnant localement. «C’est sûr que certains d’entre eux se sont demandés qui étaient ces producteurs qui faisaient leur métier, admet Philippe Nompeix, mais nous ne sommes pas en opposition avec eux, au contraire, nous sommes complémentaires». Le GEG a même «intégré le Bureau syndical de la boucherie». «Nous formons également des jeunes apprentis. Le but c’est d’en recruter 1 ou 2 à Mérignac à la prochaine rentrée». Alors aux professionnels qui voient d’un mauvais œil l’arrivée du Groupement sur le marché, le directeur rétorque qu’il «défend un métier qui a été dévalué pendant des années». Et une production locale également...
«Made in Gironde»
Alors que l’idée du «Made in France» a le vent en poupe en cette période électorale, l’étal mérignacais a pris les devants en proposant des produits «made in Gironde». Pièces de boeuf, de volaille, de canard... tout est issu de la production girondine, à l’exception du porc (label Porc au Grain du Sud-Ouest). «Il s’agissait de montrer aux clients qu’avec un circuit court, il était possible d’avoir des produits haut de gamme à des prix abordables». Le directeur du GEG ne cache pas non plus l’intérêt de communiquer sur la provenance des produits : «C’est aussi un bon moyen de dire aux clients : venez chez nous et soutenez l’agriculture locale !». Et ça semble fonctionner : 900 clients la première semaine, un chiffre bien au-delà des espérances de la coopérative. «La boucherie se situe en plein centre dans une zone commerciale nouvelle, les consommateurs n’ayant pas encore les réflexes de venir ici pour les courses, nous étions un peu inquiets». Le directeur note toutefois que le panier moyen est en dessous de celui des autres boucheries du groupement. «Il y a ici une clientèle plus citadine, qui achète moins de produits mais revient plus souvent». Un mois seulement après son ouverture, il est encore trop tôt pour crier au succès. Pour l’heure, aucune autre ouverture de boucherie du groupement n’est prévue dans l’agglomération bordelaise. «Nous sommes davantage sur l’idée d’un maillage dans le département, précise ainsi Phillipe Nompeix. Si l’on devait ouvrir une nouvelle boucherie, elle se situerait plutôt sur le Bassin ou dans le nord Gironde». • NB