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Bien sûr que vous voilà si heureux, votre naïveté dupée sur l’autel du commerce.
Bien sûr que, dans le matin d’un hiver qui ne sait s’il doit venir où demeurer où il est, vos cris de joie viendront encore alimenter cette peine qui m’agite, en dedans.
Tant de travail pour quelques boites, quelques jouets, quelques illusions de bonheur.
Dans le même instant combien d’enfants et d’adultes morts, sacrifiés pour que vous puissiez jubiler ?
*
Toi tu pleures en dedans
Tu as mis tes pauvres lumignons à ta fenêtre de travail
Que nul n’aura vu puisque l’avenue était déserte
Sauf l’œil photographique et son flash
Qui fit sortir ceux du voisinage
Tant d’appels qui te viennent de partout
Tant de misère
Tant de faim et de soif
Serait temps
Serait temps de traduire les acteurs d’un tel génocide
Devant une justice qui ne soit pas sa parodie
Tu n’as pas eu le courage d’aller en ces églises
Où les bonnes âmes endimanchées auront prié
Leur Dieu inventé pour leur bonne conscience
Non
Pas le cœur
Sinon celui de regarder le ciel
D’invoquer en silencieuse prière
Non quelque dieu
Mais la compétence des Hommes
*
Dans un ciel bleu implacable
Tu iras encore faire ce que tous font
Rentré chez toi
Te restera la nausée d’avoir participé encore à cette triste mise en scène
Manosque, 25 décembre 2011
© Xavier Lainé, janvier 2012
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