Après l’excellent Irish Recording Tape dont nous vous avions parlé ici en novembre 2009, les suédois d’Agent Side Grinder sont de retour ce mois-ci avec un troisième album officiel, Hardware. Festival de synthétiseurs analogues agrémenté de guitares rock, tubes de métal et intensité toute scandinave, Hardware a de grandes chances de se retrouver dans notre rétrospective de fin d’année. Il s’agit encore une fois d’un disque d’une indéniable qualité, et qui a bien du mal à quitter nos platines cette semaine !
Affirmons-le tout de go : Hardware ressuscite les fantômes. La culture musicale futuristico-rétro d’Agent Side Grinder s’étale tous azimuts, et les clins d’oeil abondent. Première influence, si indiscutable qu’elle va même jusqu’à être revendiquée par le communiqué de presse : Depeche Mode. Vu la lourdeur des pulsations rythmiques, on ne parle pas ici du son sautillant qu’affectionnait la bande de Martin Gore au début des années 1980, mais bien de l’électro-rock sale et touffu des années 1990. “I’ve heard a rumor”, chantent Agent Side Grinder en ouverture de Wolf Hour, un morceau à la mélodie précieuse : les initiés auront saisi. L’empreinte musicale de Depeche Mode se fait ainsi sentir sur la quasi-totalité des pièces de Hardware. Mais l’hommage peut se révéler être à double tranchant : si Sleeping Fury évoque la puissance de Songs Of Faith And Devotion et d’Ultra (ou même de quelques titres de Dave Gahan solo et dans ce cas-ci, c’est un compliment !), certaines pièces plus tranquilles renvoient à la mélancolie un peu morne d’Exciter et des albums subséquents.
Agent Side Grinder ne se refont pas : leurs chansons s’étirent un peu en longueur, elles sont intensément dramatiques (on frise parfois la caricature sur Bring It Back), parsemées de bruits inventifs, de beats hypnotisants et d’harmonies orientalisantes (sur Look Within) bien dark. Le chant, toujours à forte tendance gothisante, est encore plus agressif. Un petit bémol toutefois : à trop singer ses idoles, surtout lorsque ce sont de véritables légendes, on s’expose au mieux à un certain manque d’originalité, au pire à un petit parfum de plagiat. Si l’épopée électronique Mag 7 respire et transpire Kraftwerk, Pyre, quant à elle, rappelle de manière terrifiante le son pourtant caractéristique de Love And Rockets - langueur lourde des basses et manège aérien de voix spectrales. Dans le cas de l’ultime piste Stranger Stranger, c’est plutôt du côté de New Order qu’il faudrait chercher, une influence que nous avions déjà notée. Encore une fois, ce ne sont pas les débutants légendaires qui nous viennent en tête, mais plutôt le groupe vétéran de Get Ready (2001). Bref, beaucoup de monde au portillon, et pourtant l’ensemble se tient très bien.
asg_wolfhour.mp3Agent Side Grinder – Wolf Hour
asg_sleepingfury.mp3Agent Side Grinder – Sleeping Fury