» Dis donc, qu’est ce qu’il y a comme bouquin sur les russes en ce moment ! On voit que ça, de la Sibérie partout ! «
Ceci, chers lecteurs est un exemple typique de remarque faite dans une librairie, devant le stand des nouveautés. WTFRU a donc gentiment décidé de vous dévoiler ce mystère sibérien. En 2010, à l’occasion de l’année franco-russe, était organisé un voyage de quatorze auteurs à bord du mythique Transsiberien. Ces auteurs, tous français, représentent la fine fleure littéraire de notre pays. Le voyage avait pour but de promouvoir la littérature française dans toute la Russie et plus particulièrement en Sibérie. D’une durée de trois semaines, le programme comportait des conférences, séances de dédicace et autres plans médias classiques.
La particularité de ce travail tient a la demande des organisateurs : chaque écrivain devait remettre une sorte de journal racontant son expérience vécue. En un mot, il s’agissait d’esquisse de roman. Si l’on peut s’interroger sur les espérances mercantiles de tels procèdés, la qualité est au rendez-vous, tout comme les lecteurs. La rentrée 2012 compte donc trois romans directement issus de ce voyage.
«Ceux-là viennent de Moscou et ne savent pas où ils vont. Ils sont nombreux, plus d’une centaine, des gars jeunes, blancs, pâles même, hâves et tondus, les bras veineux le regard qui piétine, le torse encagé dans un marcel kaki, allongés sur les couchettes, laissant pendre leur ennui résigné dans le vide, plus de quarante heures qu’ils sont là, à touche-touche, coincés dans la latence du train, les conscrits.» Pendant quelques jours, le jeune appelé Aliocha et Hélène, une Française montée en gare de Krasnoïarsk, vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d’un bout à l’autre du Transsibérien. Les voilà condamnés à fuir vers l’est, chacun selon sa logique propre et incommunicable.
_ »Le Transsibérien », Dominique Fernandez
28 mai 2010, Dominique Fernandez s’apprête, accompagné d’une vingtaine d’écrivains, photographes, journalistes, acteurs, français et russes, à grimper, au départ de Moscou, à bord du transsibérien qui les mènera à Vladivostok, capitale de la Russie d’Extrême-Orient. Trois semaines sur les rails, et le bout du monde. De découvertes en réflexions, il livre, dans un discours émaillé de références littéraires, la Russie toute entière. Au fil du parcours et des paysages qui se succèdent, l’écrivain poursuit sa méditation, constate, observe, raconte, s’interroge. Une migration à la fois phy-sique et spirituelle aux allures de pèlerinage intellectuel. De la place rouge à Tchékhov, de la dictature stalinienne à la terrible beauté sibérienne en passant par Nijni-Novgorod, la Volga ou Novossibirsk, le récit invoque écrivains et pen-seurs, Gautier, Dumas, Gorki, Tolstoï. Et, en toile de fond, persistante, l’ombre inquisitrice du passé soviétique. Il est facile d’être partagé sur le sujet de ces livres. D’autres sont certainement a venir. D’un coté l’exercice est un formidable moyen de publicité pour la Russie et plus particulièrement la Sibérie. De l’autre, ces journaux d’écrivains font plus penser a des rédactions imposées quand bien même lexperience est était enrichissante.
Sibérie en russe c’est « Sibir », du nom d’un petit royaume mongol défait par les Russes après la victoire d’Ivan le Terrible en 1552 sur les Tatares de Kazan. Symbole et départ d’une conquête et d’une colonisation de la Sibérie qui durera des siècles. Située en Asie par la géographie, la Sibérie appartient à l’Europe par l’histoire et par la civilisation. L’Europe ne s’arrête pas à l’Oural. « Comment cela s’est imposé à moi, je le raconte jour après jour, tandis que sous mes yeux s’étire un paysage de forêts, de campagnes désertées, de grands fleuves, de villes géantes, de gares monumentales ». Le printemps explose sur la trace enfouie des anciens goulags. Et le Transsibérien pousse l’Europe devant lui à travers dix mille kms et onze fuseaux horaires. « Sibir ! sibir ! » chuchotent les roues.
Chez WTFRU, on vous laisse le libre-arbitre. On vous préviens juste e si les pays slaves et les grands espaces c’est pas votre délire a la base, évitez.