EXCLUSIF. Hollande : "Sarkozy a fait perdre beaucoup de temps à la France"
Créé le 21-02-2012 à 21h35 - Mis à jour le 22-02-2012 à 11h03 52 réactions
Par Le Nouvel ObservateurExceptionnellement en vente aujourd’hui, le "Nouvel Observateur" publie en avant première des extraits de "Changer de destin", le livre du candidat socialiste qui sort demain en librairie.
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"Je connais peu Nicolas Sarkozy. J’ai été élu député la même année que lui en 1988 et plusieurs fois nos chemins se sont croisés, comme parlementaires puis comme chefs de parti. Devenu président, il m’a reçu plusieurs fois à l’Elysée. J’étais alors premier secrétaire du PS. C’était au début de son mandat. Il a vite cessé ses consultations. Il fait en effet partie de ces personnalités qui parlent plus qu’elles n’écoutent. Qui préfèrent les soliloques aux dialogues. Je comprends qu’il se soit lassé de ce qu’il jugeait comme une perte de temps. Il a eu tort. La concertation avec l’opposition est un bon principe de gouvernement.
J’ai débattu à la télévision à quatre reprises avec lui. J’attends la cinquième. Si elle vient, elle sera la plus décisive. J’ai gardé de ces échanges le souvenir d’un homme énergique et vif rempli d’une certitude. La sienne ! Dût-il en changer régulièrement. Il est sûr de son fait, même si les faits le démentent souvent. Il ne parle pas. Il plaide, c’est une rhétorique de l’évidence. Si vous ne l’approuvez pas, vous êtes dans le déni. Il a inventé un style fait de perpétuels mouvements et de dénonciation d’un adversaire chaque fois différent, mais qui relève du même traitement : la stigmatisation. […]
"Il n’a pas préparé le pays aux épreuves qu’il traverse"
Il ne m’a pas échappé que la campagne qui s’annonce sera rude. Les coups déjà ne manquent pas et les fiches élaborées en haut lieu sont répétées avec célérité par des éminences inquiètes de perdre leur hochet après dix ans de droite au pouvoir.
Rarement on a mis tant d’originalité à défendre des idées si banales. On a allié tant d’assurance à tant d’improvisation. On a conjugué tant d’affirmations péremptoires avec tant d’inconstance dans les positions. Sa politique a fait perdre beaucoup de temps à la France. Ses réformes ont été aussi nombreuses que contradictoires. Il n’a pas préparé le pays aux épreuves qu’il traverse. Il a aggravé les inégalités et cédé devant les marchés malgré ses dénégations. Trop de mots, pas assez d’actes. Le résultat est connu : un gouvernement amoindri, un Parlement négligé, une justice asservie, une police amputée, des médias contrôlés. Encore une fois, il prétend qu’il a changé. Il change tout le temps. Il faut le prendre au mot. C’est le président sortant qu’il faut changer ! […]"
Par Le Nouvel Observateur