Remontée contre son mari Marc parce que celui-ci lui fit au matin une énième réflexion qui la blessa et provoqua le débordement d'un vase plein de petites contrariétés, lassitudes et crispations accumulées depuis vingt deux ans de vie commune, Claire prépare à dîner en se jurant d'avoir une conversation sérieuse avec l'être aimé lorsqu'il rentrera au foyer. Mais par quoi démarrer la discussion ? Là est la question...
Vie de couple, de famille, travail, enfants, amis, routine, besoin d'ailleurs, rupture, amants... les thèmes abordés lors de ce soliloque exutoire sont multiples (sans doute trop nombreux) et s'enchaînent sans transition sur un ton oscillant, hésitant devrions-nous écrire, entre le drame, le doux amer et la véritable comédie, déstabilisant quelque peu le spectateur. Le style de l'auteur, Murielle Magellan, n'étant par ailleurs pas désagréable même s'il se révèle inégal.
Martine Fontaine peine, pour sa part, à trouver une cohérence de jeu. Peu à l'aise dans le comique, trop sage et raisonnée, son interpétation de Claire sonne faux dans les excès, les moments de folie, de lâcher prise, qui pourraient véritablement prêter à rire.
Enfin Jade Duviquet, metteur en scène, sans doute freinée par sa comédienne, se refuse à donner une dominante comique au propos qui n'enléverait pourtant rien à son éventuelle profondeur et lui offrirait une certaine harmonie. Une absence de choix qui nuit ici au texte comme à l'actrice.
Un regard féminin sur l'amour et la vie à deux non dénué de qualités mais qui mérite d'être sévèrement affiné, à tous les niveaux de création (texte, jeu, mise en scène...).
A la Manufacture des Abbesses jusqu'au 24 mars 2012.