Elisa MARTIN - Amour sous Hypnose : 7/10

Par Eden2010

Elisa MARTIN – Amour sous Hypnose : 7/10

Ce tout petit roman sentimental de 124 pages cache, sous ses apparences de légèreté, une lecture presque aventureuse qui nous fait réfléchir sur nos choix et les motivations qui déterminent ces mêmes choix – tout en restant dans le cadre d’une belle histoire d’amour.

Ce qui est logique, puisqu’il s’agit d’un roman sentimental, et par là même « Amour sous Hypnose » se présente comme une lecture simple, sans prétentions.

L’intrigue :

Sonia, la trentaine, a embrassé une carrière de médecin et exerce ses talents dans des dispensaires d’Afrique où elle vient en aide aux plus démunis, un travail difficile qui l’éloigne souvent de son foyer, mais un travail qu’elle aime profondément.

La jeune femme est sur le point d’épouser Mathieu qu’elle connaît depuis son d’enfance. Leur mariage est prévu dans moins de deux mois. Alors que Mathieu est excité par l’idée de leurs épousailles et ne parle que de l’organisation de la cérémonie, Sonia est étrangement distante. Elle ne parvient pas à s’expliquer elle-même son attitude puisqu’elle aime Mathieu tendrement, si ce n’est qu’il ne prend pas suffisamment au sérieux son engagement humanitaire et préférerait l’avoir auprès de lui au quotidien.

Alors que Sonia rentre d’une conférence, elle a l’occasion d’assister à un spectacle du célèbre magicien Manuel Valquès qui se tient à son hôtel. Ce type de spectacles lui rappelle son enfance, elle se glisse donc dans un siège au premier rang – et est promptement choisie pour une séance d’hypnose.

Une séance d’hypnose qui perturbera totalement sa vie, puisqu’en plongeant dans les beaux yeux du magicien hypnotiseur, elle en tombe éperdument amoureuse …

Mais Sonia ne peut se laisser aller, même si cet amour semble être celui qu’elle attendait inconsciemment depuis toujours. Car jamais elle ne pourra quitter Mathieu et lui briser le cœur!

Une histoire qui ressemble à un conte de fées … mais pas que … :

L’histoire, pourtant courte, connaît de multiples petits rebondissements. D’abord nous suivons le fort classique amour contrarié entre l'héroïne et le magicien ténébreux, leurs coup de foudre et passion folle, un voyage commun … mais au milieu du roman, après un début classique, le récit prend un autre tournant !

Bref, en quelques pages une belle romance nous est offerte.

Comment est-ce possible qu’avec si peu de pages on puisse parvenir à nous livrer un tel récit ? Cela tient au style très enlevé d’Elisa Martin.

Car ce qui frappe immédiatement, dès la première page, c’est le style d’écriture, qui est dynamique, qui ne s’attarde pas inutilement et qui conte l’histoire sans fioritures et multiples réflexions roses. On pourrait presque croire qu’il s’agit d’une nouvelle dans laquelle il faut que l’action avance vite.

Je vous donne un exemple plutôt simple : Sonia a tendance à arriver en retard, et elle court donc à la gare pour attraper son train qu’elle atteint à la dernière seconde.

Cette scène sur le quai, on aurait pu en faire toute une page, parlant de la jeune femme qui court, les cheveux volant derrière elle alors qu’elle se débat, haletante, avec ses bagages pour se hisser à la dernière seconde, en sueurs, dans le wagon et qui se laisserait alors tomber, exténuée mais soulagée, sur la banquette, son sac glissant de ses épaules soulagées, ou que sais-je encore.

Mais non, on nous dit simplement qu’elle attrape le train de justesse. Point. C’est simple.

Ici, tout est décrit comme dans un journal de bord, sans insister sur les états d’âme, les détails.

Ce qui permet d’imaginer tout cela ! Vous avez mon exemple du train … voilà ce que j’imaginais, même si ce n’est pas écrit !

En fait, l’histoire nous est contée avec simplicité, à nous de la remplir des odeurs d’Afrique, d’illuminer le hall du spectacle, d’observer le magicien, Mathieu …

Cela aurait pu donner un résultat catastrophique … mais ici, ça marche !

C’est une écriture étonnante qui ne nous impose rien mais nous propose, tout simplement.

On se dit, mais est-ce qu’Elisa Martin n’aurait pas pu en faire un roman de trois cents ? Oui, certainement, mais je pense qu’à ce moment-là la magie se serait perdue, qu’on se serait ennuyée, car cela reste une histoire à l’eau de rose.

J’ai donc beaucoup apprécié. Cela change énormément des romans trop insistants, et surtout des romans d’amour dans lequels les vapeurs de l’eau de rose peuvent parfois être trop lourdes.

En ce qui concerne l’intrigue, elle est conforme au genre et reste donc légère et prévisible, mais j’ai trouvé qu’elle incitait tout de même à une certaine réflexion sur la motivation de nos choix. Parfois ce sont des raisons valables, destinées à ne pas blesser un être aimé, qui nous font prendre des choix qui justement feront souffrir.

Alors, me direz-vous, pourquoi ne suis-je pas allée au-delà de « 7/10 » ?

Parce que, malgré tout, il y a tout de même un petit manque, si j’ai adoré ce style enlevé j’aurais tout de même aimé un tout petit peu plus, une trentaine de pages peut-être, juste de quoi nous glisser un peu plus dans la peau de Lisa. Non, poussons le vice jusqu’à souhaiter deux cents pages pour faire aboutir l’histoire de Sonia et de Manuel, là, je pense que nous aurions pu atteindre une certaine perfection - tout en conservant le style de l'auteur !

Oui, je semble me contredis un peu avec cette affirmation, je viens de dire que j’ai apprécié le style journalistique du récit mais c’est une question de balance. J’ai aimé, oui, et mais il me manquait juste une once de plus. De quoi ? Peut-être un petit peu plus de cohérence pratique ? Car on voit mal comment un magicien peut aller en un jour de la France en Afrique avec des lapins et autres animaux sans problèmes administratifs, ou comment les amoureux parviennent à partir d’un bled africain perdu et abandonné dans la brousse sans autres difficultés (etc.).

Des petites choses donc qui ne pèsent pas dans l’histoire mais qu’on aurait pu arrondir un peu.

Mais qu’il est difficile de me contenter !

Il n’en reste pas moins que c’est un livre idéal pour rêver un peu à l’amour, pour vivre une passion, pour imaginer. D’autant plus que la fin est très intelligente, cela nous laisse apaisés en fermant la dernière page.

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