Il se dégage de ce restaurant, autant dans la salle que dans le décor, le service et la cuisine, une sorte de sérénité tranquille sur laquelle le monde extérieur n’aurait que peu de prises sinon d’emprise. On retrouve sans déplaisir cette ambiance ouatée, aux sons feutrés par l’épaisseur de la moquette et l’habillage des murs, ces tables magnifiquement dressées à la vaisselle éclatante, cet accueil si professionnel mais si proche à la fois qui vous met à l’aise et impatient de vous attabler. Comme il se doit, la table voisine est loin, l’espace étant un luxe, et ne vous importune en rien. Une manière efficace et agréable de se concentrer sur l’assiette et sur le travail du chef. Christophe Moisand est au Céladon depuis aussi longtemps que l’on s’en souvient. Il a une étoile depuis autant de temps ou presque. Tout est en ordre et dans l’ordre des choses. Selon la tendance actuelle, la carte est assez courte et travaille sur quatre plats dans chaque thème : entrée, poissons, viandes, desserts. Beaux produits proposés de manière classique mais avec les zestes incontournables du moment (soja, wakamé, mélisse, chermoula, etc.) qui sont le plus souvent bien gérés et bien mariés. De l’apprêt mais pas de fioritures inutiles. Royale de foie gras des Landes poêlé, essence des sous-bois, beau plat goûteux à la sauce magnifique. Saint-Jacques bretonnes, noix grillées aux deux céleris parfumés à la cazette (noisettes du Nivernais, sélectionnées et broyées), bien saisies, goûts originaux pour un plat original. Autre variation des Saint-Jacques aux senteurs de sésame et wasabi sur du potimarron, bien vu. Filet de merlan de ligne piqué au citron confit, croustillant de pain de mie, blettes et cocos de paimpol, un plat compliqué où les cocos sont emmaillotés dans les feuilles de blettes mais avec un joli filet de merlan parfaitement cuit et goûteux dans sa panure. Poire comice en parfait glacé, quartiers rôtis au miel et citron vert, sorbet Tonka, est fort délicieux dans ses différentes textures, tandis que la Poire du verger de la Septière façon « Belle Hélène » et Churros (sorte de beignets espagnols longs et frits) est sans intérêt par manque d’harmonie de l’ensemble.
Une belle cuisine classique mais encore hésitante sur la gestion des codes d’aujourd’hui. Pourquoi ne pas affirmer son style avec fierté et bonheur au moment où celui-ci revient en forme et en force sur de nombreuses tables. Intéressante sélection de vins au verre de Richard, le sommelier (de 10 à 16 €). Direction de la salle par l’excellent et rassurant Alain Franchesquin, lui aussi présent depuis longtemps et service impeccable sans ostentation.
Le Céladon
Hôtel Westminster
13, rue de la Paix ou 15, rue Daunou
75002 Paris
tél : 01 42 61 77 42
www.leceladon.com
Fermé samedi & dimanche
Voiturier
M° : Opéra
Menus : 49 € (retour du marché) ; 62 € (vins inclus)
Carte : 95 € environ
En ce moment et jusqu’au 15 mars, Christophe Moisand propose un menu
100% truffes (130 €) :
Amuse bouche
Brouillade d’œufs bio truffée, spaghettis croustillants
Noix de Saint-Jacques poêlés sur un riso, « air » et vinaigrette de truffe
Paume de ris de veau fermier panée aux châtaignes, jus de porto blanc
Emulsion de châtaigne à l’acéto et copeaux de truffe
Riz au lait truffé, vermicelle chinois frit, crème anglaise
Mignardises