Quelle pochette ! Un groupe de métal scandinave aurait très bien pu l’utiliser sans que cela ne choque personne ! Sans aller jusqu’à dire que c’est un pari osé, c’est sûrement par envie de montrer ses ambitions de ne pas répondre à des attentes qui auraient pu être autres quand on la voit. Ah, les préjugés…
Troisième album déjà pour la Montréalaise (en réalité, « expatriée » de Vancouver) mais le premier à recevoir une exposition mondiale, grâce à la sortie de deux singles géniaux en fin d’année 2011 : d’abord « Oblivion » puis « Genesis ».
Il s’agit donc d’une musique pop que nous propose la petite Claire Boucher, de l’électro-pop bien sûr (ou synth pop, peu importe, même si la référence aux années 80 ne se fait que plus ou moins ressentir).
Musicalement, à part l’aspect rétro (ou kitsch, selon les goûts), c’est assurément les sonorités asiatiques qui se font entendre. De la voix légère et surannée de Claire Boucher à la musique elle-même sur certains morceaux, impossible de ne pas se croire en extrême orient : d’entrée d’album, c’est une évidence absolue sur « Genesis ».
L’univers de Grimes est toujours tendre, presque joyeux, même si parfois l’on ressent des moments de nostalgie (« Vowels=Space And Time »). Ainsi, sa musique aurait facilement une visée universelle, c’est-à-dire qu’elle reste ouverte à beaucoup d’oreilles, plus ou moins jeune, fan de musique électronique pure ou de dance-pop d’adolescents. Mais je ne crois pas que ces derniers l’écouteront beaucoup. Il faut d’abord passer outre l’aspect rugueux de la couverture de Visions ou des singles (allez voir également « Genesis ») ; ensuite, elle cite autant Aphex Twin, OutKast que Mariah Carey dont elle dit qu’elle sa plus grande influence vocale. Voilà qui promet un sacré mélange musical !
L’évidence est là, frappante, dès lors que vous connaissez la voix de Mariah Carey et que vous savez qu’existe le lien : un titre comme « Fantasy », sorti en 1995, est le plus bel exemple de l’extraordinaire résultat de l’influence de l’Américaine sur la petite Canadienne.
Ne passez pas à côté d’une telle découverte, car Visions est rempli de moments magiques, beaux, doux. L’album se termine d’ailleurs de façon plutôt triste ou mélancolique. Une seule envie : refaire un tour sur ce petit nuage rose pâle.