- Poche: 220 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (19 mars 2003)
- Collection : Policier / Thriller
- Langue : Français
- ISBN-10: 2253142433
- ISBN-13: 978-2253142430
Le mot de l'éditeur
- Pardon, madame... Après des minutes de patients efforts, Maigret parvenait enfin à interrompre sa visiteuse... - Vous me dites à présent que votre fille vous empoisonne lentement... - C'est la vérité... - Tout à l'heure, vous m'avez affirmé avec non moins de force que c'était votre beau-fils qui s'arrangeait pour croiser la femme de chambre dans les couloirs et pour verser du poison soit dans votre café, soit dans une de vos nombreuses tisanes... - C'est la vérité... - Néanmoins... - il consulta ou feignit de consulter les notes qu'il avait prises au cours de l'entretien, lequel durait depuis plus d'une heure - vous m'avez appris en commençant que votre fille et son mari se haïssent... - C'est toujours la vérité, monsieur le commissaire. - Et ils sont d'accord pour vous supprimer ? - Mais non ! Justement... Ils essayent de m'empoisonner séparément, comprenez-vous ?.... - Et votre nièce Rita ? - Séparément aussi...
Critique
Le quatrième de couverture est un des plus beaux exemples de « j’m’en foutisme » éditorial. Se contenter de reprendre les premières phrases d’un roman afin de délivrer un résumé éditeur enfonce les barrières habituelles de l’affliction.
Maigret est appelé au téléphone par un homme terrorisé, se sachant suivi, et qui demande sa protection. Il change souvent de lieu, mais sans s’éloigner des quartiers Chatelet-Marais-Bastille. L’inspecteur que Maigret envoie sur ses traces arrivera trop tard et perdra la trace de l’homme, dont le corps sera retrouvé en pleine nuit, le visage défiguré à coups de masse, et gisant place de la Concorde.
Donner une identité au cadavre sera le premier travail du commissaire. Lorsqu’il la connaitra, visiter son domicile deviendra aisé. L’homme était bistrot, et cette révélation donnera à Maigret l’idée de rouvrir le Petit Albert, un troquet parigot comme on n’en voit plus que rarement, en y plaçant un de ses inspecteurs. Cette ouverture permettra à la police de se lancer sur la piste de tueurs, et à Maigrert de jouer les clients somnolant au fond, derrière le poèle.
Il s’agit d’un Maigret parisien, un de ceux qui me parlent le plus car j’ai une longue histoire d’amour avec le Marais (ça n’intéresse personne, d’accord).
Nous avons ici affaire à un roman dont la violence est prégnante, violence ressentie tout au long du roman, violence de bêtes fauves et non de petits malfrats qu’affectionne, en son for intérieur, Jules Maigret. Ce dernier se sent à la fois plus responsable et concerné qu’à l’habitude : concerné parce qu’il s’en veut de n’avoir pas été capable de sauver un homme lui demandant de l’aide ; responsable parce que ces gens là n’ont pas d’âme, parce qu’ils tuent sans hésitation, parce qu’ils tueront encore et toujours.
C’est en finale un Maigret dans lequel il y a de l’action, beaucoup, contrairement à certaines enquêtes versant dans la pure réflexion. Un Maigret dur, superbe. Rien que la description de la rafle rue du Roi de Sicile vaut qu’on dévore ce livre.