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Les pavés du diable

Par Noirdepolars

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  • Poche: 190 pages
  • Editeur : Livre de Poche; Édition : EDITIONS LIVRE DE POCHE N° 2767 (1970)
  • Langue : Français
  • ASIN: B0000DOFRI

Résumé

Un professeur d’histoire est nommé dans une petite ville de province. Très vite, il est confronté à un ou plusieurs mystérieux corbeaux,  qui signent « Clamavi ». Le prof enquête pour découvrir le, la, ou les coupables, et découvre que loin d’être la seule victime de cette organisation, tous les notables sont pris dans la nasse. Corbeaux non dénués d’humour d’ailleurs, puisque la punition infligée est adaptée à chaque cas : le prêtre pédophile est ainsi condamné à élever un petit cochon rose dans son salon, deux lesbiennes à élever des belettes, le député démocrate-chrétien qui entretient une maîtresse à peindre en rose les volets de sa chambre, le pharmacien-violeur à porter des mitaines noires, et ainsi de suite…

L’élucubration du bertrand

»Clamavi » signifie « j’ai crié » en latin (eh oui, huit ans de latin qu’on m’a obligé à faire !) et fait référence à un poème de Baudelaire « De profundis clamavi ». Le ton du roman est vite donné, ce polar là est tout ce qu’il y a de plus littéraire. L’écriture en est très travaillée et plus d’une fois j’ai eu l’impression d’être immergé dans une conversation de salon de début vingtième siècle, dans laquelle chacun s’ingénie à parler bien, à construire des phrases léchées, policées, correctes, imaginatives.

Le grand mérite de ce court roman policier est son humour, cette passe d’armes à fleurets mouchetés entre l’auteur et la société qu’il dépeint. Doté d’un humour jamais vulgaire mais particulièrement féroce, Monteilhet étripe ses contemporains, de préférence ceux bénéficiant d’une situation sociale bien assise. Ceci donne des passages merveilleux, dont je ne résiste pas à vous offrir, petits veinards, les extraits suivants :

-Tais-toi, tu parles comme un socialiste ! Est-ce qu’on fait des bilans avec de la chair humaine ?

-Veuillez noter que le professeur d’histoire ne peut spéculer sur les leçons particulières qui font les choux gras des professeurs de latin ou de mathématiques (…) Le professeur n’a pas la chance des autres pauvres, qui travaillent trop longtemps pour s’apercevoir à quel point l’argent leur fait défaut.

-Je suis en effet catholique, un catholique déplorable. J’ai une foi définitive, mais je n’en fais à peu près rien : une foi de collectionneur en quelque sorte.

Malheureusement, les premiers (grands) sourires passés, il importe de lire un livre et de suivre l’histoire, et là l’entrain primesautier éprouvé tout d’abord tourne vite à la catastrophe.

L’intrigue, tout d’abord, est fort mince, alambiquée, compliquée au mauvais sens du terme et de plus  pas crédible : lorsque la lecture est terminée (et le dernier tiers semble bien longuet à achever), on ressort avec un soupir de soulagement, « ouf », et une question « tout ça pour ça ? ». Bref on n’en sort ni émerveillé ni heureux.

Les sous-entendus, ensuite, sont gênants : tout tourne autour des perversions sexuelles. On aime ou pas…  Je ne dis pas que je ne peux pas aimer d’ailleurs, mais le style employé se marie trop mal à cette ambiance : on se croit plongé dans la confession des fantasmes érotiques d’un prêtre vous débitant des horreurs, tout cela avec la componction et la retenue qui conviennent. Le fond de ce livre est véritablement très malsain : perversions sexuelles et religion en constituent le fond boueux.

Des traits d’esprit excellents, complètement gâchés par une construction bâclée de l’intrigue et un fond carrément psychotique. J’ai vraiment eu la sensation d’écouter un pervers très bien éduqué : comme le genre existe certainement, on peut le lire à titre d’édification.

Conclusion : beehhh, mais sauvé du néant par l'humour et le style.

 

Hubert Monteilhet : de plume et d'épée


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