- Poche: 192 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (16 février 2011)
- Collection : Policier / Thriller
- Langue : Français
- ISBN-10: 2253158410
- ISBN-13: 978-2253158417
Le mot de l’éditeur
« Tu n'as pas oublié ton parapluie ? - Non. La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier. - Tu ferais mieux de mettre ton écharpe ». Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques. On n'était qu'en novembre - le 3 novembre - et il ne faisait pas particulièrement froid. Il tombait seulement, d'un ciel bas et uniforme, une de ces pluies qui, surtout dans le petit matin, paraissent plus fluides et comme plus traîtresses que d'autres.
L’élucubration du bertrand
Simenon nous emmène ici découvrir le monde très bourgeois d’une famille d’industriels, qui a été, qui a compté, et qui n’est plus, qui peine à rembourser ses traites, qui licencie, qui va crever. Oh bien sûr, les biscuits qu’elle fabrique sont dans toutes les têtes, ont été dans toutes les bouches, mais justement voilà, d’autres plus dynamiques, ont pris la place.
Alors cette famille, pour survivre, pour maintenir l’usine, à défaut de vendre du biscuit va vendre ses mâles. Les vendre à la plus offrante : porter un grand nom fait toujours rêver la bergère, d’autant qu’ici la bergère naît fille d’un modeste ferrailleur, enrichi sur le tard.
L’auteur de la célébrissime série nous offre une peinture sans aucune concession de la famille bourgeoise et met en scène des personnages qui prennent, et sous sa plume uniquement, une force à peine croyable car dans la réalité ils sont proprement pitoyables sans pour autant susciter la pitié. On y retrouve le fils aîné de famille, nul mais prêt à tout pour maintenir la firme, le fils cadet, souffreteux, lâche à l’excès, sournois de naissance, la fille de la maison qui a fui il y a longtemps pour ne pas étouffer, la bonne qui les a tous vu naître, femme de décision, louve qui couve ses petits, qui protège, qui se tait, « la » femme enfin, la pièce rapportée qui a cru se parer d’un grand nom et s’est elle-même créé son calvaire. Des personnages secondaires, le livre n’en manque pas non plus, du play-boy qui n’a rien sauf une belle voiture et une queue en état de marche à la patronne de bistrot envieuse et ravie de bavasser, de préférence à la police pour que le bavardage fasse mal, en passant par le baveux de service qui fait son job de défense comme d’autres vont le matin au turbin, sans joie ni entrain, mais rémunéré le job.
Un excellent Maigret, très noir comme souvent, mais une ambiance dans lequel le commissaire trouve difficilement ses marques, patauge dans un milieu qu’il n’aime pas, découvre des personnages qui tous l’écœurent. On est bien de son avis.