La carte postale vient d’arriver dans ma boîte aux lettres, écrite par des amis proches, « Après cinq jours à Montréal, nous partons dans un chalet en montagne, casser la glace pour pêcher et poser des pièges à castors. » Une phrase toute simple mais qui m’a pris la tête durant quarante-huit heures, tant se sont bousculés dans mon esprit tous ces récits d’explorateurs et d’aventuriers si souvent lus tout au long de ma vie.
Le Canada et l’Alaska, toutes ces contrées aux hivers profonds m’ont toujours fasciné, plus encore que les jungles équatoriales. Les chaleurs humides, foisonnantes de vies et luxuriantes de végétaux ne sont rien dans mon imaginaire, comparées aux neiges et aux glaces des grands espaces septentrionaux. L’excès d’un côté, trop chaud, trop humide, trop de choses qui grouillent sans qu’on puisse bien en identifier l’origine, de l’autre, la blancheur immaculée des paysages, beauté et sobriété mêlées.
De Jack London sur les rives du Klondike à Samuel Hearne qui effectua la première traversée à pied de la toundra canadienne entre 1769 et 1772, tous sont remontés à ma mémoire, chargés de leurs exploits et riches de leurs récits, rallumant le projecteur de mon cinéma intérieur. Les images défilent à une vitesse folle, celles imaginées à partir de mes lectures, celles vues dans ces documentaires à la télévision, le peu connu et les clichés convenus se chevauchent brouillant délicieusement l’idée que je me fais du beau pays.
Une carte postale ce n’est rien pour celui qui l’expédie, mais parfois ce peut être tout pour celui qui la reçoit. Quelques mots pour vous, de longues heures de voyage mental pour moi, une inversion de rôles qui nous rapprochent un peu plus encore. Merci Alain, merci Jocelyne.