Qu’est-ce qu’un mécène? (by Stefania)

Publié le 22 février 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof


Huang Yong Ping, Ombre blanche, peaux de buffles, structure en acier et résine, 2002

Quand on parle d’art, de musées ou d’artistes contemporains, on tombe souvent sur le mot “mécenat”. Mais qu’est-ce, au juste, qu’un mécène?
Cette figure existait déjà auparavant et des personnages tels que Lorenzo de’ Medici ou Peggy Guggenheim en sont des bons exemples, bien que tirés d’époques très différentes. Les mécènes soutiennent les artistes, en leur confiant des commandes publiques ou privés ou tout simplement en finançant leurs oeuvres d’un point de vue matériel. Le mot « mécène » vient du nom d’un homme politique romain proche à l’empereur Auguste qui avait destiné son patrimoine à la protection et à la promotion de l’art et de la littérature.
Aujourd’hui, on parle souvent de “mécénat d’entreprise” dans la mesure où des entreprises décident de soutenir des artistes par le biais de concours, d’initiatives culturelles ou de financements de projets. Les fondations aussi sont des outils pour pratiquer le mécénat. Nous vous avons parlé sur nos pages, par exemple, de la Fondation de Galbert et Cartier à Paris, Cittadellarte à Biella (Italie), ou encore Beyeler à Bâle. Etant donné qu’en France le système de subventions des associations est très développé et était, jusqu’à cette crise financière, plutôt généreux (heureusement!), la diffusion du mécenat, des fondations et en général du sponsoring des entreprises privées est un peu en retard par rapport à d’autres pays où le secteur privé semble plus actif dans le soutien à la culture, notamment en Belgique, en Allemagne et en Italie.
Pour encourager les entreprises, on met en avant des avantages fiscaux. La loi de 2003, prévoit une déduction de 60% de l’impôt sur les sociétés pour les dons liés au mécénat. Cela signifie que faire du mécénat, en plus d’assurer un retour d’image sur une entreprise ou un individu, permet d’économiser sur les impôts.
Ce que j’ai toutefois pu remarquer dans mon expérience personnelle, c’est que les grands mécènes pratiquent ce choix de soutien surtout pour des raisons purement personnelles, même parfois, à mon sens, par narcissisme.


Institut Culturel Bernard Magrez à Bordeaux

J’ai visité il y a quelques semaines l’Institut Culturel Bernard Magrez à Bordeaux. Je vous assure, ce fut une visite époustouflante! L’Institut a ouvert l’année passée et a son siège central dans le Château Labottière, magnifique hôtel particulier du XVIIIème siècle, parfaitement réaménagé pour y accueillir des expositions d’art contemporain de grande envergure, curatées par le directeur Ashok Adicéam. En plus des expositions et des rencontres avec des artistes, l’Institut attribue des Grands Prix d’art et organise des résidences d’artistes d’une durée de 12 mois (avec atelier et bourse de création), sur le modèle de la Villa Médicis.


Institut Culturel Bernard Magrez à Bordeaux

Voilà un très bon exemple de mécénat, comme il en faudrait plus pour permettre aux artistes de se concentrer sur leur oeuvre, plutôt que de devoir chercher des espaces de travail, des moyens pour se financer (la plupart des artistes est obligée d’avoir une activité rémunératrice en plus de leur travail d’artiste) et des dispositifs de diffusion professionnels et puissants.
Loin de moi l’idée, bien évidemment, de prêcher pour l’implication des privés ou de la société civile au détriment de l’aide de l’Etat à la culture et notamment à l’art. Je suis persuadée que chaque Etat doit une partie de son budget aux musées, expositions, manifestations artistiques et culturelles. Il devrait en plus assurer l’accès gratuit et libre à la culture et prendre soin de son patrimoine historique et artistique. (C’est malheureusement ce qui ne se passe pas depuis quelques années en Italie, je vous en parlerai la prochaine fois)
Mais là où l’Etat ne peut pas intervenir, le soutien des privés est le bienvenu!