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Des récifs artificiels à Marseille pour protéger la biodiversité

Publié le 21 février 2012 par Bioaddict @bioaddict

En 2008, des scientifiques ont immergé près de 30.000 m3 de "faux habitats" dans la rade de Marseille. Trois ans plus tard, un renouvellement de 30% de la biodiversité a été constatée. 

Quand les sites naturels préservés viennent à manquer, quoi de plus naturel que d'offrir aux poissons et crustacés des cachettes artificielles ? Aux départs installés par des pêcheurs soucieux du renouvellement des populations de poissons (et de leur gagne-pain), les récifs artificiels sont peu à peu devenus des outils de gestion intégrée de la biodiversité côtière, successivement à la délimitation d'aires marines protégées.

La France est très en avance sur ses voisins européens en matière de récifs artificiels. Depuis 2002, de nombreux sites ont été aménagé, notamment en Languedoc-Roussillon. Le plus vaste récif de la mer Méditerranée a été aménagé en 2008 sur la côte marseillaise, s'étendant sur près de 200 hectares. Ces modules imitent les zones rocheuses naturelles afin d'être progressivement colonisés par les espèces qui peuvent se reproduire à l'abris de toute intervention humaine, l'ancrage, la plongée et la pêche y étant interdits. L'objectif de ce projet est autant écologique que socioéconomique car il permet à la fois de restaurer les fonds dégradés par des années de pêche débridée et de valoriser la baie du Prado d'un point de vue touristique.

Résultats encourageants dans la baie de Prado

Lors d'une conférence de presse organisée la semaine dernière, Didier Réault, conseiller municipal (UMP) délégué au nautisme, aux plages et au parc national des Calanques, s'est félicité des résultats encourageants de cette expérimentation. " La quinzaine d'espèces commerciales les plus importantes et les plus prisées des pêcheurs - mostelles, congres, sars, daurades...- ont fait leur retour dans la rade", affirmaient ainsi les services techniques de la ville. Même le célèbre mérou colonise à nouveau la baie du Prado. Selon Didier Réault "on est dans un peuplement similaire à de l'habitat littoral marin", qui "a été beaucoup plus rapide que ce qu'espéraient les scientifiques et les pêcheurs professionnels ou amateurs".

Ce genre d'expérimentation peut sembler insolite mais une trentaine d'autres pays la pratique, dont le Japon, nation des récifs artificiels par excellence. En effet, depuis l'ère médiévale, les pêcheurs japonais ont pris l'habitude d'immerger des structures en bambou pour favoriser la reproduction des poissons. Aujourd'hui, les matériaux ont évolué afin d'optimiser leur résistance en milieu aquatique.

Cette solution peut sembler séduisante mais l'installation de récifs artificiels est onéreuse. De plus, les experts estiment qu'elle doit s'accompagner d'une gestion globale et durable, prenant en compte chaque phase de vie des espèces exploitées, en particulier les zones de frayères et de nurseries.

Alicia Muñoz


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