Marek Halter... c'est grâce à lui et avec lui que je chemine depuis 29 ans sur la route percutante de ce peuple juif. Moi qui n'ai pas vraiment la fibre historienne, j'ai partagé avec cet auteur brillant et prolixe, la saga des juifs dès sa naissance. J'ai commencé, en 1983, avec La mémoire d'Abraham, puis, en 1989, j'ai poursuivi cette route avec Les fils d'Abraham. Ensuite, c'est avec « ses » Bibles au féminin – La trilogie : Sarah, Tsippora, Lilah – que je me suis attachée à apprendre de ces femmes qui, à leur manière, ont gouverné le monde et influé sur sa destinée en aimant leurs grands hommes de l'époque. Marie est ensuite venue, jeune femme libre, quelque peu éhontée, qui a donné la vie à celui dont, qu'on le veuille ou non, régit nos inconscients moraux.
Alors j'ai suivi les traces de sa plume, avec enthousiasme : Je me suis réveillé en colère, La reine de Saba, Le Kabbaliste de Prague, Histoire du peuple juif...
Et me voici avec cette Inconnue de Birobidjan.
Et là, trouble et désorientation ! Au point que je sursois chaque jour à l'écriture de ce billet. Besoin de mettre en ordre ce flot de messages que l'auteur délivre dans son roman ; il est question des juifs (évidemment), de ce qui a sans doute été le 1er état juif au monde (le Birobidjan), d'espionnage, de maccarthysme, d'amour, de stalinisme.
J'ai été submergée par un afflux de destins qui se croisent, s'entrecroisent, se nouent et se dénouent.
Marina, l'héroïne, va et vient entre l'Histoire et son histoire. Elle n'est pas la seule narratrice : elle partage ce rôle avec un journaliste – juif américain – qui couvre son procès. Qui parie sur son innocence et qui réussira à la faire valoir.
Je pense que Marek Halter, dans ce dernier opus, s'est laissé emporté par son personnage, que chaque événement entraînait un rebondissement, et chaque incidence une nouvelle occurrence.
Tout est bien mené, comme à l'accoutumée. Une plume vive, mais cette fois, à mon gré, moins concise qu'à l'ordinaire.
L'inconnue de Birobidjan est un excellent roman (que je recommande), mais je regrette qu'il s'écarte quelque peu du projet initial de son auteur : donner au lecteur les « bonnes » clés pour qu'il comprenne et décode ce qui constitue l'essence de la religion juive et de la mémoire à transmettre.