Le collectif ACLEFEU s'est inscrit dans la campagne présidentielle depuis quelques mois déjà et propose de discuter autour de la crise des banlieux. Ce thème est cher à mes oreilles et j'aimerai volontiers qu'il le soit à celles des différents candidats. Maintenant,il y a quelques membres du PS,en particulier sur Marne la Vallée,qui peuvent faire passer le message et j'espère qu'ils le feront.
Ci-dessous vous trouverez le message du collectif écrie il y a quelques temps.
LA BANLIEUE FERA L'ÉLECTION
Il
est clair qu’il y a un gros problème dans l’offre politique, beaucoup
d'électeurs ont vu passer les trains de la gauche, les mêmes ont vu
passer les trains de la droite. « Ils » n'ont vu, ressenti, que très peu
de différence entre les uns et les autres, n'ont pas vu tenues les
promesses qui ont été faites... et on ne vote plus ! Sur le terrain, on
constate aussi que, même lorsqu'elle arrive en tête, la gauche a perdu
le soutien d'une grande partie de la population des quartiers
populaires. La raison est simple, elle se soucie assez peu de ces
derniers et ce parce que son assise sociologique s'est transformée au
point que cette gauche devienne un parti des classes moyennes mais aussi
du fait de l'abstention, pourquoi aller draguer l’électorat des
quartiers populaires avec un résultat qui serait moindre ?
Les
dernières élections cantonales ont battu des records avec 56 %
d'abstention pourtant, la baisse de la participation électorale n'est
pas récente et, au-delà d'explications conjoncturelles, le diagnostic
d'ensemble est bien connu ; le fossé ne cesse de grandir entre les
partis politiques et certains Français, notamment les électeurs des
classes populaires. Ceux-ci ne sont plus la priorité des partis de
gauche et n’ont jamais été celle de ceux de droite, les hommes
politiques semblent s'être rangés à l'idée que la forte abstention
enregistrée d'élection en élection dans les bureaux de vote des
quartiers populaires est inéluctable. Or, si les classes populaires
votent structurellement moins, pourquoi les mettre au cœur des
programmes proposés ? Il paraît plus rationnel de tenter de convaincre
des électeurs qui votent !
Ainsi l'offre politique creuse l'écart
entre électeurs actifs, courtisés par les partis, et classes populaires
dont les préoccupations sont moins prises en compte ; elles se sentent
alors d'autant plus délaissées et continuent de s'abstenir, le cercle
vicieux se referme et pourtant l'abstention n'est pas une fatalité car
elle est également la résultante d’une réflexion et par la même
l’expression d’une opinion basée sur la Raison, cette faculté
universelle de juger que Tous nous détenons.
Le constat est fait
d'une citoyenneté bien vivace en banlieue, en dépit de l'abstention ou
du désaveu envers le gros de la classe politique, il semble du coup que
parler de “ vide politique ” est un peu rapide, une « autre façon de
faire et de penser la politique » émerge, avec la conviction que
l’égalité est un état de droit et que le pacte social se réalise grâce à
la volonté générale où chacun s’intègre et s’épanouit. Un
renouvellement générationnel s'opère, une démographie qui change
complètement dans la France urbaine et en particulier dans ces quartiers
et quoi qu’on en dise ou pense, dotée d’une conscience politique.
Pourtant,
les partis politiques insistent beaucoup sur le déclassement de la
classe moyenne mais pas du tout sur la ségrégation des quartiers
populaires, ce qui représente une aberration majeure au regard des
évènements de ces dernières années et notamment ceux qui ont eu lieu en
2005. Comment est-il possible qu’après le 27 octobre 2005 et
l’embrasement qui en a découlé, les politiques publiques menées n’aient
aboutit qu’à un désengagement de la république encore plus important,
plus profond, que ce soit dans sa représentativité par la
désertification des services publics ou dans sa rupture avec le Pacte
social par ses actions de relégation et de stigmatisation d’une partie
de sa population? (Lors d'un Conseil des ministres le 8 novembre, le
gouvernement a proclamé l'état d'urgence, au 21 Novembre 2005, selon un
total établi par la DGPN, 9.071 véhicules avaient été brûlées depuis le
début des révoltes. Des dizaines d’édifices publics, écoles, gymnase,
entrepôts, commerces, médiathèques étaient également incendiés. Durant
ces évènements, 5.000 présumés coupables avaient été interpellés dont
près de la moitié étaient des mineurs. 126 policiers et gendarmes
étaient blessés durant ces affrontements, au total, environ 800
personnes ont été écrouées, dont un peu plus d’une centaine de mineurs.
Au 3 Décembre 2005, les assureurs évaluaient les dégâts à 200M€).
Pourquoi
les populations des quartiers populaires sont-elles ignorées dans les
débats publics et les programmes politiques ? Soit il s’agit d’une
improvisation hasardeuse et dans ce cas elle sera lourde de conséquences
un jour ou l’autre, soit il s’agit d’un désintérêt clairement affiché
et dans ce cas les débats et échéances politiques à venir seront
complexes que ce soit pour la droite et sa politique agressive de
désunion nationale ou pour la gauche et sa politique « d’union sélective
».
Il serait irresponsable de considérer que les électeurs des
quartiers populaires ne prendront pas part aux élections présidentielles
de 2012 quoi qu’en disent les statistiques sur l’abstention et tout
aussi irresponsable de considérer leur voix comme acquises pour quelque
parti que ce soit, il est par contre très clair que le choix, se fera
sur des programmes politiques et des engagements concrets en direction
de ces populations (Si on peut considérer que choix il y a au regard de
l’offre politique qui est faite et sa représentativité).
Les
élections présidentielles de 2012 s’annoncent cruciales pour le devenir
de notre société mais pour que l’avenir ne se décide pas sans la voix de
la banlieue, et afin de mobiliser l’électorat issu des quartiers
populaires, le collectif ACLEFEU lance une campagne d’inscription sur
les listes électorales qui débutera le 9 novembre 2011 à l’Espace 93 de
Clichy-sous-Bois.
Des débats seront organisés en présence de personnalités sur les thèmes suivants :
- l’abstention
- l’utilité de s’inscrire et de voter
- l’engagement citoyen
En fin de journée les jeunes participants seront accompagnés jusqu’en mairie pour aller s’inscrire sur les listes électorales.
Afin
de bâtir un avenir commun, juste et assis sur la reconnaissance de
chacun, de croire en la France de demain, celle qui ne craint pas son
voisin et qui regarde au loin, nous nous acheminons sur un terrain qui
n’est pas sportif mais il recèle une belle ambition collective une forte
conscience sociale sur ce qui se passe au niveau local mais aussi
nationale et un regard politique dans un esprit pacifique.
Le Collectif ACLEFEU