Un haut fonctionnaire de Bercy qui, bien entendu, préfère garder l’anonymat a souhaité décrire l’état d’esprit de ceux qui font la politique économique et fiscale de la France. Des propos recueillis par l’IREF (Institut de recherches économiques et fiscales). Un témoignage édifiant.
Pour avoir bien connu le système soviétique, j’ose faire le parallèle. L’URSS s’effondra pour cause de manque d’argent face à des dépenses gigantesques et ubuesques d’une administration délirante, et face à l’acharnement pathologique d’une classe dirigeante, confite dans ses privilèges, à refuser toute réforme structurelle qui eût pu sauver le régime et éviter le chaos qu’on a constaté.
Aujourd’hui Bercy s’enferre dans l’erreur, à l’instar de toute la classe politique. Quelques personnages très dangereux mais terriblement influents diffusent le message subliminal consistant à faire croire que tout Français travaillant dans le privé et non bénéficiaire des minima sociaux, et toute entreprise sise en France dort sur un magot, et que ce magot a été constitué par des malversations au préjudice de l’État et des plus pauvres, par la fraude ou le travail dissimulé. L’épargne est suspecte, elle constitue une réserve à disposition du secteur public et il importe qu’elle ne puisse pas échapper au contrôle de l’État, qui pourra un jour en prendre le contrôle pour désintéresser ses créanciers les plus pressants. De nombreuses mesures de contrainte étant contournées par les individus (exilés fiscaux) ou les entreprises (délocalisations) en réponse à la prédation croissante de la puissance publique, il y a tentation d’escalade dans la restriction de liberté et le contrôle d’État.
Il importe de réduire significativement les dépenses publiques (État et collectivités), pour desserrer la contrainte sur ceux qui produisent les richesses, et éviter la tentation totalitaire qui se profile. »
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Source : IREF.