FERTILITÉ et Environnement: La perpétuation de l’espèce est-elle menacée? – InVS – BEH

Publié le 21 février 2012 par Santelog @santelog

Comme le souligne le Pr. Spira dans ce Bulletin hebdo de l'Institut de veille sanitaire les préoccupations vis-à-vis de la dégradation de l'environnement sont croissantes en raison des risques sur la santé humaine et dans un contexte d'augmentation des allergies chez les enfants, de l'incidence du diabète de type 2 et des cancers, de l'obésité et des maladies chroniques. Au centre de ces préoccupations, la menace la plus redoutable : Et si ces nouveaux facteurs environnementaux nuisaient à notre capacité à nous reproduire et à perpétuer l'espèce ?


Certes, il faut faire la part entre évolutions démographiques (vieillissement de la population), au regard du progrès des techniques médicales de diagnostic et de traitement (dépistage précoce, prise en charge) et exposition aux évolutions de l'environnement.


Mais depuis le début des années 1990, la question de la fertilité alimente le débat, associant cliniciens, biologistes, endocrinologues, épidémiologistes, sociologues, toxicologues, écotoxicologues et autres spécialistes et préoccupant de plus en plus l'ensemble de la population. Au centre du débat, les perturbateurs endocriniens, notre niveau de connaissance, les causes de l'exposition et les moyens de la limiter.


 


L'infécondité en France augmente : Selon l'Enquête nationale périnatale (ENP) de 2003, cette infécondité est estimée à 18% par et à 24% par l'Obseff en 2007-2008. Ces résultats, qui marquent une baisse de la fertilité (et une quasi–stabilité ces dernières années-voir courbe ci-contre) rejoignent les données de l'étude INED (novembre 2010) qui, en extrapolant, sur plus de 40 ans, des données relevées sur la qualité du sperme, conclut que la fécondabilité pourrait être réduite de 15 %. Mais, selon l'Ined, cette baisse de fertilité ne devrait pas entraîner de baisse de la fécondité ou du nombre effectif d'enfants par couple, tout au plus un léger allongement du délai nécessaire pour les mettre au monde. Aujourd'hui, environ un couple sur 4 à 6 qui arrête d'utiliser un moyen de contraception sera concerné par une infécondité involontaire d'un an.


En cause la qualité du sperme : Cette constatation de la baisse de la qualité du sperme est confirmée par les études françaises réalisées au sein des Cecos (Centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains). Cette décroissance a été mise en évidence chez les candidats au don de sperme par 16 études vs 5 qui montrent, a contrario, une augmentation des caractéristiques du sperme. Dans ce bulletin, l'étude sur l'évolution de la concentration spermatique en France entre 1989 et 2005 à partir des données de la base Fivnat, montre une évolution en


3 phases : une baisse de 1989 à 1994 (phase 1), une augmentation de 1995 à 2000 (phase 2), et une baisse de 2001 à 2005 (phase 3). Sur cette question, alors que l'exposition à de multiples facteurs de risque reprotoxiques, environnementaux ou liés au mode de vie, est actuellement reconnue, la nécessité de recherches multidisciplinaires, prenant en compte les variations temporelles ou géographiques est indiscutable.


Des signes importants de perturbation: Les malformations congénitales de l'appareil urogénital masculin, comme les cryptorchidies et les hypospadias sont en augmentation et en association suggérée avec l'exposition à des perturbateurs endocriniens. Ainsi, de 1998 à 2008 en métropole, et à partir de 2000 dans les DOM, le taux d'interventions chirurgicales pour cryptorchidie et hypospadias est en augmentation respective de 1,8% (Métropole) et 4% (Dom-Tom) par an et de 1,2% (Métropole). Autre exemple, l'augmentation du taux de patients opérés pour cancer du testicule :


De 2004 à 2008 ce taux augmente de 2,5% par an.


Des défis pour la recherche sur les perturbateurs endocriniens : Quels effets des faibles doses, des mélanges de substances et des fenêtres de susceptibilité aux expositions au cours du développement fœtal sont les questions encore sans réponses, qui en l'absence de données scientifiques incitent, parfois les politiques et à l'appel des associations, à opter pour le principe de précaution.


Les recherches sur ces questions permettront de mieux comprendre les modes d'action, mais aussi mieux prévoir et prévenir les effets toxiques pour la santé et la fertilité.


Source : InVS- BEH 21 février 2012 / n° 7-8-9


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