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François LAUR (France).

Par Ananda

L’ETANG

Je ne hais pas la fin mars de bientôt réapparaitre, ne lui montre aucune aigreur d’encore perpétuer un grésil attardé, accepte volontiers que l’angoisse ne freine pas la feuillaison. Et le gazon, s’il temporise, c’est à cause du vent frisquet. Sur la rive, tamaris roses de chatons et saules au branchage souple peuvent à nouveau bruisser. L’étang miroite, mille et mille astres explosant comme si tu y nageais. Je ne nage pas sur la vitre quand bien même le soleil m’en mettrait plein la vue. Je vais jusqu’à me figurer une femme un homme – il pourrait s’agir de nous – assis sur le banc près de l’eau. Je les songe flanc à flanc, se tenant par la main de l’autre, s’enlaçant, chuchotis, rires enfantins, cœurs fous, radieux moments de silence. Un porte-bonheur, printanier, trisse haut sur la roselière. Sans doute, un laps, tous deux l’écoutent-ils. Je ne demande pas à la houle de changer ses ondulations, qu’elle soit grosse ou voluptueuse. Je ne prescris rien à l’étang, parfois vert, parfois bleu, anthracite quelquefois. Mon seul souhait : ne pas revenir là, à ces heures. J’y ai si fort existé avec toi ! De loin, je les revis plus vraies.

François Laur

Extrait de Quotidiennes, Éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur Ciel, 2006


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