A partir des minutes du procès de Nuremberg, le jeune et talentueux Arnaud Denis (vu récemment dans son spectacle "Autour de la folie") reconstitue les derniers jours de Goering, numéro deux du régime nazi qui se suicida dans la foulée de son jugement par le tribunal militaire international mis en place en 1945 le condamnant pour les crimes contre l'humanité que l'on connait.
Si le script alternant séquences en cellule et interrogatoires en salle d'audience a le mérite de ne faire que peu appel à la fiction (la plupart des échanges sont authentiques), nous regretterons des choix d'extraits qui, bien que souvent édifiants, ne servent pas forcément la dramaturgie de la pièce. Rapidement agencés, pas toujours correctement calibrés, nous oserons dire parfois presque anecdotiques, ceux-ci ne permettent pas de poser au mieux les enjeux, de mettre en place les personnages, ou encore d'installer la tension nécessaire à toute oeuvre théâtrale...
Restent quelques passages aussi terrifiants qu'indispensables à entendre, portés principalement par trois excellents comédiens. A commencer par Gotz Burger qui est un Goering sans remord inquiétant et glaçant. Raphaëlle Cambray, incarnant la résistante déportée Marie-Claude Vaillant Couturier, délivre avec une infinie justesse un monologue-témoignage sur la réalité des camps absolument bouleversant qui constitue l'élément central et essentiel du spectacle. Jean-Pierre Leroux endosse pour sa part honorablement le rôle du procureur Robert Jackson, malgré une partition plus restreinte.
On sort donc du Vingtième Théâtre pour le moins partagé. Si l'intention est louable, si l'ensemble est indéniablement de belle facture, l'efficacité théâtrale est pour sa part discutable.
"Nuremberg, la fin de Goering". Jusqu'au 10 mars.
Photo : Lot