Titre : Les Naufragés d'Ythaq
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Novembre 2005
« Ophyde la Géminée » est le deuxième tome de « Les naufragés d’Ythaq ». Sa parution chez Soleil date de novembre deux mille cinq. D’un format classique, son prix avoisine quatorze euros. Son attrait principal est d’être scénarisé par Christophe Arleston. L’auteur à succès de « Lanfeust de Troy », « Les maîtres cartographes » ou « Les forêts d’Opale » garantit un certain succès à ses parutions par sa seule présence sur la couverture. Pour cette série, il s’est associé à Adrien Floch pour les dessins. Les couleurs sont confiées à Crazytoons.
Dans « Terra incognita », les auteurs nous plongeaient dans un nouvel univers. On assistait à l’accident subi par un luxueux vaisseau de croisière spatiale. Il s’écrase sur Ythaq, une planète non répertoriée. On y suit un petit groupe de survivant composée de la jeune et intrépide Granite, du sympathique et maladroit Narvarth et de la jolie et insupportable Callista. Ce premier opus était centré sur la prise de conscience de la situation de nos protagonistes. On commençait notre immersion dans ce nouveau monde. Les dangers apparaissent nombreux. A la fin de l’album, Callista était séparée de ses compagnons et suite à un succession d’événements se retrouvaient à usurper la place d’Ophyde, grande dirigeante sur cette planète…
Cette introduction avait attisé ma curiosité. Cette série de « space fantasy » apparaissait intéressante. Je ne m’attendais pas à une grande révélation bédéphile mais à une lecture très agréable et divertissante. Comme souvent dans ce type d’histoire, le deuxième opus a pour objectif de décomposer l’objectif principal en plusieurs quêtes parallèles. Dans « Les naufragés d’Ythaq » la finalité centrale reste de trouver un moyen de partir de cette planète et de rentrer à la maison. Mais tout cela n’est jamais simple. Dans « Ophyde la Géminée », la trame se construit sur deux axes. La première est construite autour de Callista et de sa situation complexe. Elle prend les traits d’un grand chef sur une planète dont elle ne maitrise rien et avec l’angoisse permanente d’être découverte. La seconde construite autour de Granite, Narvarth et de leurs compagnons de voyage a pour objectif de délivrer Callista qu’il suppose prisonnière.
L’attrait ne réside pas uniquement dans cette grande évasion potentielle. On commence à découvrir davantage les règles de vie de cette planète. Ses structures sociales, politiques et géographiques sont moins floues. Le fait que les héros découvrent tout cela avec nous fait qu’on n’a aucun mal à s’impliquer dans notre lecture. On est à leur côté. Cela rend la lecture participative. Ne pas assister à une narration omnisciente la majorité du temps est réussi. De plus, le personnage de Tao le Feng est une source d’informations sans limite. Cela permet aux héros de maitriser plus rapidement l’espace qui les entoure sans tomber des longs monologues explicatifs.
Le risque qu’il existe dans ce type de série est de voir l’intrigue être négligée par rapport à l’action. Même si une bonne poursuite et une bonne bagarre n’est pas désagréable à suivre, il ne faut qu’elles deviennent le centre l’histoire. Dans « Ophyde la Géminée », ce n’est pas le cas. Les grandes envolées arrivent à des moments adaptés et cela leur donne une ampleur plus importante. Elles donnent ainsi lieu à des moments très agréables pour le lecteur. On ne s’en lasse pas. Mais je vous rassure, entre ses moments intenses, la lecture n’est pas fade. Bien au contraire, on ne s’ennuie jamais, la trame se construit par une succession de petits événements qui relance en permanence notre attention et notre curiosité.
Mais au-delà de l’attrait évident d’une histoire dont on veut connaitre la suite puis le dénouement, « Ophyde la Géminée » nous offre une ambiance agréable et sympathique. Les personnages haut en couleur sont attachants, dépaysant et drôles. Le comique de situation et l’humour de certains dialogues nous font sourire et parfois rire. Ce climat léger est mis en valeur par les dessins de Floch. Je l’avais découvert dans « Slhoka ». Je trouve son trait meilleur dans « Les naufragés d’Ythaq ». Je ne suis pas un grand critique du genre. Mais je trouve que les personnages par leurs courbes, leurs traits, leurs expressions participent au plaisir de la lecture. Les décors colorés sont bien construits et dessinés. Le dépaysement est assez réussi. Même si les bâtiments ou les forêts restent peu novateurs par rapport aux autres séries du genre, cela n’empêche pas notre voyage d’être agréable.
« Ophyde la Géminée » est un bouquin plutôt réussi. A défaut d’être original, il est bien écrit et offre une lecture agréable. Le plaisir qu’on prend à naviguer dans ce nouvel univers avec ces personnages sympathiques compensent le fait que la trame principale avance relativement peu au cours des soixante pages qui composent l’album. Il faudra faire attention à ne pas trop ralentir le rythme d’avancée. Parce que : qui n’avance pas recule…
par Eric the Tiger
Note :14/20