(Psaume CI)
Ô Pasteur Tout-Puissant, exauce ma prière
Et puisse Ton oreille entendre ici ma voix.
La grâce de Tes yeux, ne la détourne pas,
Donne Ton audience à ma pauvre misère.
Quand je T’appellerai, prête-moi Ton oreille :
Ma vie s’évanouit semblable à la fumée,
Comme un sarment séché mes os sont consumés,
Et mon coeur est en poudre à la paille pareil.
Mon ventre a oublié le cher pain nécessaire.
À force de gémir ma peau se colle aux os.
Je suis pareil à vous, pélican solitaire,
Hôtes des champs déserts, ô nocturne corbeau !
Comme le moineau seul qui veille sur son toit,
Tout le jour l’ennemi raille et se fait entendre.
Et ceux qui m’honoraient ont juré contre moi,
Et, triste, j’ai mangé mon pain avec la cendre.
J’ai bu mon vin mêlé des larmes que je verse,
Sous Ton courroux amer, Seigneur, et Ta disgrâce.
Élevé par Tes mains, je gis à la renverse :
Les jours de notre vie ainsi que l’ombre passent.
Et me voici pareil au foin qui a séché.
Tu es seul à mener une vivante vie,
Et Ton nom d’âge en âge au coeur de l’homme vit.
Ah ! lève-toi, Seigneur, prends Sion en pitié.
Oui, le temps est venu de plaindre sa misère,
Oui, l’heure en est venue, qui jadis s’annonçait.
Voici Tes serviteurs qui T’ont mis sur ses pierres,
Sur sa cendre voici que leurs coeurs ont pleuré.
Les nations craindront Ton nom, ô Seigneur Dieu,
Et les rois auront tous peur de Ta renommée,
Car Dieu a relevé Sion au sol jetée,
Et Dieu s’est révélé sur terre à tous les yeux.
Lors du Commencement, Tu as fondé la terre,
Les cieux, ô Bienheureux, sont l’oeuvre de Ta main.
Terre et cieux périront, Toi qui n’as pas de fin,
Et comme un vêtement tomberont en poussière.
Toute chose changée comme un habit qu’on roule,
Pour Toi seul, Éternel, la vie ne défaut point.
Puissent les fils des tiens être abrités, en foule
Et leur race en Tes murs ne pas avoir de fin.
APOLLINAIRE (v. 310- v. 390), poète byzantin.
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