Journal des bonnes nouvelles 20

Par Plumesolidaire

  Ercolano a gagné contre la mafia

Source revue de presse internationale de Thomas Cluzel du 12  anvier 2012 - France Culture

la petite ville d'Ercolano relève de l'exploit ... Elle en effet est la première ville du Sud de l'Italie à avoir oser faire un bras d’honneur aux mafieux ... en refusant de céder à leur racket ... Pendant des années raconte le journal espagnol EL MUNDO ... trois générations d’habitants ont serré les dents et payé sans broncher ce qu’exigeait d’eux la Camorra  ... le pizzo ... soit entre 150 et 1 500 euros extorqués tous les mois en échange de quoi la mafia consentait à ne pas leur rendre la vie impossible ... Le boulanger ... le garagiste ... le poissonnier ... la coiffeuse ... le tenancier du bar … personne n’y échappait ... pas même le curé de l’église ... Alors ... le soulèvement de la population a commencé en 2004 ... A l'époque la ville était la proie d’une guerre sanguinaire entre deux clans mafieux qui faisait au bas mot un mort par semaine ... et asphyxiait les commerçants ... Tout le commerce était en crise ... se souvient le maire de la ville ... qui a travaillé dur donc pour que ses administrés retrouvent confiance ... en les encourageant notamment à se rebeller ... Pas moins de 250 mafieux ont ainsi été placés sous les verrous ... A présent .. il n'y a ici ... plus d'armes ... plus d’assassinats ... et le pizzo appartient au passé ... Bref la vita e bella.

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La crise profite à la mafia. Selon le rapport annuel de l’association italienne SOS Impresa, la mafia représente aujourd’hui la première banque d’Italie avec 65 milliards d’euros de liquidités.


Dans le contexte de crise actuel, les banques accordent de moins en moins de crédits. Les petits commerçants n’auraient alors pas d’autre choix que de se tourner vers des organisations mafieuses pour obtenir des prêts à des taux d’intérêt excessivement élevés.

D’après le rapport 200 000 personnes seraient sous le joug de la mafia. Avec parfois des conséquences terribles : les commerçants sont victimes de "1300 crimes chaque jour, soit quasiment 50 par heure, et donc presque un par minute", toujours selon les estimations de l’association.

Selon Eric Vernier, spécialiste du blanchiment de capitaux et chercheur associé à l’IRIS, "la crise a miné la confiance des banques, les mafias arrivent avec leurs liquidités, issues d'activités criminelles et sont les seules prêtes à prendre des risques. Pour les commerçants et les artisans, elles représentent leur seule possibilité de prêts et l'unique moyen de sauver leur entreprise et les emplois."

La mafia, elle, ne connait pas la crise : son chiffre d’affaires actuel serait de 140 milliards d’euros et ses profits seraient supérieurs à 100 milliards d’euros. En 2007, ces bénéfices étaient inférieurs à 10 milliards d’euros.