Paul Fournel, La Liseuse, Paris, P.O.L., 217 p., 16 €
La Liseuse avec un Kindle
Ceci est un roman. L'intrigue : arrivée d'une liseuse (e-reader) chez un éditeur raisonnablement conservateur surnommé Gaston. Agréable à lire (mais peut-être est-ce une critique négative ?). Le narrateur raconte l'entrée de la liseuse dans sa vie de lecteur. Arrive également un petit groupe de stagiaires invités à contester le ronron de la maison d'édition et à introduire un peu de numérique dans sa culture 19e siècle. Incubation, iPhone et hamburgers.
Chemin faisant, on accompagne le narrateur au restaurant (tendance Brouilly), chez le boucher et au bistro dans la douceur de son village. Souvent drôle et mélancolique : "Si ça se trouve, dans deux ans il n'y a plus une librairie en France... les éditeurs font la queue pour se faire embaucher chez Google ou chez Amazon. Ils supplient" (p. 93). On rit jaune parfois. Beaucoup d'humour, tendre souvent, et de réalisme nostalgique ("Apostrophe", les librairies, les petits restaurants).
De temps en temps en temps, tonne un rappel au bon sens. Tenez, sur le marketing (ici, celui des livres, mais on pourrait avec profit adapter cet énoncé à d'autres objets) : "Vous savez combien coûte une étude marché Meussieu Meunier ? Ne cherchez pas. Trois fois le prix d'un livre. Alors on a pris la fâcheuse habitude de faire des livres pour voir comment marchent les livres" (p. 36).
A lire, au moins pour le plaisir.